
de Thierry de Peretti ( 2 h 03 ) France – 2022
Fiche technique :
Réalisation : Thierry de Peretti . Scénario : Therry de Peretti et Jeanne Aptekman . Image : Claire Mathon . Distribution : Roschdy Zem (Hubert Antoine), Pio Marmaï (Stéphane Vilner), Julie Mounier (Julie Mondoloni), Vincent Lindon (Jacques Billard).
Ce film est inspiré librement du livre l’infiltré d’Hubert Avoine et Emmanuel Fansten.
Synopsis : Octobre 2015, Les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis en plein cœur de la capitale. Le jour même, un ancien infiltré des stups, Hubert Antoine, contacte Stéphane Vilner, jeune journaliste à Libération. Il prétend pouvoir dénoncer un trafic d’état.
Réalisateur : Metteur en scène, réalisateur et acteur, Thierry de Peretti est né à Ajaccio. Au théâtre il a récemment mis en scène Les larmes Amères de Petra Von Kant de R.W. Fassbinder au Théâtre de l’Oeuvre. Il est acteur notamment dans les films, Yves Saint Laurent de B. Bonello et Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau . Au cinéma après deux courts métrages, Le Jour de ma mort et Sleepwalkers, il réalise les Apaches, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, puis Une Vie violente, sélectionné à la Semaine de la Critique de Cannes en 2017 et Enquête sur un scandale d’État, sélectionné en compétition au festival de San Sebastian en 2021, où il remporte le Prix de la meilleur image.
L’interview :
– Le film questionne aussi la notion de vérité, au point que la parole du personnage de l’infiltré est mise en doute à plusieurs reprises.
. T. de Peretti : On compose parfois avec le réel parce qu’on a envie de faire dire aux événements ce qui nous arrange, soit parce qu’on a une revanche à prendre, soit parce qu’on y a intérêt politiquement ou idéologiquement. Souvent, le grand perdant, c’est le réel : les personnes que ça touche et la tragédie qui s’y rattache. Ce qui m’intéressait n’était pas de savoir qui avait raison ou qui mentait, mais de montrer cette parole qui tente d’attraper quelque chose de la réalité. Quel discours se produit autour de cette « force » qu’est la drogue avec son trafic. Cette question de la mythomanie supposée du personnage de l’infiltré (que le film ne résout pas) est aussi là pour, de la part de ses adversaires, l’infirmer, et invalider son discours. Si tant est qu’il soit mythomane ou prenne des libertés avec la réalité, ce ne serait de toute façon qu’une des facettes de sa personnalité. En ce qui me concerne, je n’en sais rien. Ce qui m’importe, c’est sa profondeur et sa complexité, la vérité qu’il touche néanmoins du doigt. Il est drôle et très sombre à la fois, énervant parfois,mais aussi bouleversant. Et ce n’est pas parce qu’il est envisageable qu’il s’arrange avec la réalité, qu’il n’est pas « fondé » comme il le dirait lui-même, ou que ce qu’il dit ne s’est pas réellement passé.
– Votre film se situe au carrefour de plusieurs genres. Cela vous permet-il de mettre en lumière une réalité du trafic, dont même les médias parlent peu ?
– T. de Peretti : Mon film se situe entre le film d’enquête et le film dit « de drogue ». Faire la connaissance d’Hubert Avoine et Emmanuel Fansten m’a permis de mettre à jour mes représentations sur le sujet. À quoi ressemble la lutte contre le trafic de drogue aujourd’hui ? Quels en sont les acteurs et les outils, les stratégies et les doctrines ? Qu’est-ce que cela implique d’un point de vue politique, économique et philosophique ?
Critiques :
Ce qui frappe dans ce film passionnant, situé au carrefour du film d’enquête, du film dit de « drogue » et de la tragédie, est la manière dont tout est agencé pour favoriser l ‘absolue présence du spectateur. Bande à Part
Une fiction journalistique plus vraie que nature, inspirée de l’enquête du journal « Libération » sur une incroyable affaire de stupéfiants. Immersion dans les coulisses d’un tour de force narratif. Télérama
Thiery de Peretti s’inspire de faits réels pour mettre en scène un film de genre ambitieux sur fond de trafic de drogue . Troublant mais inégal. Les Echos