Le 16/10/20 à 16h30 et 20h30
So long, my son
Réalisé par WANG Xiaoshuai
Chine, 2019, 3h05 mn
Fiche technique
Réalisation WANG Xiaoshuai
Scénario WANG Xiaoshuai, AH Mei
Photographie KIM Hyun-seok
Distribution
WANG Jing-shun → LIU Yaojun
YONG Mei → WANG Liyun
QI Xi → SHEN Moli
LI JingJing → GAO Meiyu
DU Jiang → SHEN Hao
XU Cheng → SHEN Yingming
AI Liya → LI Haiyan
ZHAO Yanguozhang → ZHANG Xinjian
Synopsis
Au début des années 1980, Liyun et Yaojun forment un couple heureux. Tandis que le régime vient de mettre en place la politique de l’enfant unique, un événement tragique va bouleverser leur vie. Pendant 40 ans, alors qu’ils tentent de se reconstruire, leur destin va s’entrelacer avec celui de la Chine contemporaine.
Le Réalisateur
Pionnier du cinéma indépendant chinois des années 1990, Wang Xiaoshuai développe depuis son premier film The Days, réalisé en 1993, un style original ancré sur la représentation de l’humanité. The Days fait d’ailleurs partie des collections cinématographiques du MoMA à New York.
Présent en compétition plusieurs fois au Festival de Cannes, il remporte en 2005 le Prix du Jury pour Shanghai Dreams après avoir gagné à Berlin en 2001, lors de la 51ème Berlinale, l’Ours d’Argent pour Beijing Bicycle, puis de nouveau le même prix pour le meilleur scénario au film In Love We Trust en 2008.
Ses deux projets récents Red Amnesia en 2014 et So Long My Son en 2019, cherchent à explorer les conséquences du passé sur le présent de la Chine contemporaine. Ses films furent également sélectionnés à la Mostra de Venise et au Festival de San Sebastian.
Wang Xiaoshuai a été nommé Chevalier des Arts et Lettres par le ministre français de la culture en 2010.
Filmographie
1993 : The Days
1995 : Frozen
1997 : So close to paradise
2000 : Suburban dreams
2001 : Beijing cycle
2003 : Drifters
2005 : Shanghai dreams
2008 : In love we trust
2010 : Chongqing blues
2011 : 11 flowers
2014 : Red amnesia
2018 : Chine Portrait
Propos du réalisateur
Quelle était votre intention principale quand vous avez commencé à travailler sur So Long My Son ?
En 2011, j’écoutais les informations et on a annoncé que le gouvernement abandonnait la politique de planning familial de l’enfant unique et qu’il serait désormais possible de donner naissance à un second enfant. J’ai été positivement étonné parce que j’avais tenu pour acquis que la politique de l’enfant unique durerait encore longtemps et marquerait plusieurs générations. C’est ce changement qui a déclenché l’idée de So Long My Son.
Le film pose un regard critique sur l’influence de la politique de l’enfant unique sur la vie intime des individus. Néanmoins, en se faisant l’avocat du diable, on pourrait se demander si cette politique n’avait pas des arguments valables en sa faveur comme le souci d’éviter le risque de surpopulation ?
Au moment où cette politique a été décidée, une bonne partie de la population chinoise la comprenait, notamment en raison des risques de surpopulation et de paramètres économiques. Cela dit, quelle que soit la politique d’un état, elle ne doit pas totalement tourner le dos à la liberté, aux droits et au bien-être des individus. Chacun devrait avoir le droit de décider de sa propre vie et du nombre d’enfants qu’il désire. Ce qui s’est passé avec cette politique, c’est que chaque chinois a dû organiser sa vie pour se mettre au service du pays, de la société et des décisions du gouvernement, sans aucun choix possible sur le plan personnel. Il me semble que c’est un cas unique au monde. Maintenant que l’on est de nouveau autorisé à avoir plusieurs enfants, il faut se pencher sur cette génération sacrifiée de parents d’enfants uniques pour essayer de comprendre comment cette politique a influencé leur vie, leur état psychologique, et comment on pourrait les aider.
So Long My Son a été magnifiquement accueilli à la Berlinale. Comment a-t-il été reçu en Chine, par la critique et par le public ?
J’ai bien remarqué en effet le bel accueil de la critique à Berlin, y compris de la critique chinoise. En Chine, les spectateurs ont ressenti beaucoup d’empathie pour le film et pour ses personnages. Il faut dire qu’ils sont très familiers avec ce qui est montré à l’écran, ils l’ont vécu, ils s’y projettent facilement, et cette familiarité a certainement contribué à ce qu’ils apprécient le film.
En France, on peut voir beaucoup de très bons films chinois, des auteurs qui comptent comme vous-même, Jia Zhang-ke, Wang Bing, Bi Gan… On a le sentiment que le cinéma d’auteur de votre pays vit une très belle période malgré toutes les difficultés que l’on imagine. Qu’en est-il vu de Chine et selon vous ?
J’ai une perception différente de la vôtre. Les réalisateurs dont vous parlez font leur chemin depuis un certain temps, sont concentrés sur leurs productions, maintiennent une certaine qualité, et ce sont en effet ces films-là qui sont vus en France. Il y a aussi plein de jeunes réalisateurs qui ont besoin d’encore un peu de temps pour mûrir et être accueillis par le public français et international comme le sont ceux que vous avez cités. Malgré tout cela, le cinéma d’auteur chinois est très fragile car nous sommes confrontés à un certain nombre de difficultés comme la censure, la pression économique du marché… La réalité est donc moins rose que l’impression que vous pouvez avoir en France. Le cinéma d’auteur en Chine occupe un espace très limité et nous aurons besoin de beaucoup de temps encore pour améliorer notre situation.
Critiques
Le souffle de ce vaste tableau historique (…) est une heureuse surprise de la part de Wang Xiaoshuai, qu’on a connu plus enclin à un certain ronron académique. Le Nouvel Observateur
Le film a valu à ses deux interprètes principaux, Yong Mei et Wang Jingchun, l’Ours d’agent de la meilleure actrice et celui du meilleur acteur. Ils forment un couple bouleversant à l’écran, protagonistes d’un grand mélo qui est aussi une fresque sur l’amitié. Le Figaro
Sans doute la volonté de maîtrise totalisante affichée par le récit, avec le rachat moral qui vient bénir équitablement les divers protagonistes, marquetelle les limites légèrement oecuméniques de So Long, My Son. Qui n’en reste pas moins un bon film, qui ne saurait manquer d’édifier et d’émouvoir. Le Monde
Le souffle de ce vaste tableau historique (…) est une heureuse surprise de la part de Wang Xiaoshuai, qu’on a connu plus enclin à un certain ronron académique. Les Cahiers du Cinéma