Atlantique

de Mati Diop

(1 h 45 mn)  France, Sénégal       2019

Fiche technique 

Réalisation : Mati Diop
Scénario :  Mati Diop, Olivier Demangel
Photographie : Claire Mathon
Montage : Aël Dallier Vega
Musique : Fatima Al Qadiri

Son : Benoît de Clerck

Décors : Toma Baquéni et Oumar Sall

Costumes : Rachèle Raoult et Salimata Ndiaye
Production : Les Films du Bal, Cinekap, Frakas Productions

Distribution : Ad Vitam

Interprétation : Mama Binetta Sané (Ada) ; Amadou Mbow (l’inspecteur Issa) ; Ibrahima Traoré (Souleiman) ; Nicole Sougou (Dior) ; Aminata Kané (Fanta) ; Abdou Baldé (Cheikh) ; Ibrahima Mbaye Thié (le commissaire Moustapha) ; Mariama Gassama (Mariama) ; Coumba Dieng (Thérèse) ; Diankou Sembéné (M. Ndiaye) ; Babacar Sylla (Omar).

Synopsis

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu’il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.

Réalisatrice

Née à Paris en 1982, la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop est la fille de Christine Brossart, une photographe française devenue acheteuse d’art, et de Wasis Diop, musicien sénégalais émigré en France dans les années 70, familier des milieux du cinéma – il a composé plusieurs bandes originales.

Riche de la culture artistique qu’elle hérite de sa famille, elle s’engage du côté de la création sonore et vidéo, notamment pour des mises en scène de théâtre, et vers le cinéma.
En 2008, le Sénégal célèbre les dix ans de la mort de son oncle paternel : le scénariste et réalisateur Djibril Diop Mambéty (1945-1998), l’un des cinéastes africains les plus importants de sa génération. Cet anniversaire conduit Mati Diop, qui a déjà réalisé deux courts-métrages expérimentaux en France, à se tourner vers la partie sénégalaise de son héritage culturel.

Filmographie 

2010 – Tigre du meilleur court-métrage au Festival international du film de Rotterdam avec son premier documentaire tourné à Dakar Atlantiques

2011 – réalisation de deux fictions d’une demi-heure chacune Big in Vietnam et Snow Canon

2013 – réalisation d’un documentaire Mille Soleils sur le film de son oncle Touki Bouki

2019 – premier long métrage Atlantique qui obtient le Grand prix en compétition officielle au Festival de Cannes

2021 – court-métrage de confinement In My Room

2024 – réalisation du documentaire Dahomey, Ours d’or de Berlin.

L’interview

« Il a fallu que je fasse un travail de déconstruction, pour prendre conscience que ma culture occidentale française écrasait totalement ma culture sénégalaise et qu’elles s’affrontaient même… » « J’ai voulu que les comédiens soient en phase avec le contexte social de leurs personnages. Pour moi, c’est une exigence morale : je me sens responsable vis-à-vis des personnes dont je prétends représenter les réalités. Je ne veux pas les trahir. »

« Dans le long métrage, je pars du point de vue des femmes en m’inspirant de la figure de Pénélope dans L’Odyssée qui attend le retour d’Ulysse. L’idée n’était surtout pas d’en faire une attente passive mais au contraire que la disparition des hommes agisse comme un tremplin vers leurs propres reconquêtes. »

« Faire un film fantastique à Dakar ne veut rien dire : le fantastique fait partie de la ville, il est déjà là. Il n’y a pas de séparation entre le visible et l’invisible, entre les vivants et les morts. »

« L’idée est d’explorer le langage cinématographique par le détail, en abordant les images et leur composition. C’est pour ça qu’on retrouve beaucoup d’éléments composites dans le film : des textures, des reflets, des vitres, des tissus ou encore des ombres et des halos de lumière. »

Critiques

Libération

C’est un film à hauteur d’infini, élégiaque et mystérieux, que la mer aurait pu noyer de tout ce que désormais elle charrie, corps sans nom, tragique contemporain.

Bande à part

Mati Diop parvient à conjuguer le politique avec le sensible, les combats sociaux avec le charnel.

L’Obs

Les belles idées de scénario pullulent dans cette fable politique qui oscille entre réalisme et fantastique, et donne à voir les innombrables frontières géographiques, sociales, de genre… Dommage que la mise en scène soit alourdie par des plans répétitifs sur la mer, la nuit et la pleine lune.

Ecran Large

Mati Diop aborde la question des exilés depuis la rive du départ et nous immerge dans un monde où le réel vacille, laissant place à l’onirique, à la fable. Et comme ses personnages, on sort possédé de cette traversée inattendue.

Le Monde

Deux idées puissantes font d’Atlantique un poème rageur et atmosphérique : la première consiste à raconter la migration du côté des femmes restées au pays, lors de quelques scènes hallucinatoires où elles reprennent le pouvoir. La seconde, c’est d’avoir imaginé ce que diraient les morts s’ils pouvaient s’exprimer.

Positif

La dimension fantastique, presque mythologique, est finalement la plus grande force du film qui saisit, dans l’inquiétante beauté d’un coucher de soleil, quelque chose de ces drames qui sourdent dans les océans du globe et que nous préférerions laisser au large de nos côtes.

Ce contenu a été publié dans Les fiches de films 2024-2025. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *