La vie de château

 

La vie de châteauLa vie de château

( France)   93’

DE JEAN PAUL RAPPENEAU 1966

 

FICHE TECHNIQUE :

Réalisation et Scénario : Jean-Paul Rappeneau Coscénaristes : Alain Cavalier et Claude Sautet   Dialogues : Daniel Boulanger Directeur de la photographie : Pierre Lhomme Musique : Michel Legrand.

Distribution :

Catherine Deneuve : Marie   Philippe Noiret : Jérôme Pierre Brasseur : Dimanche Mary Marquet : Charlotte Henri Garcin : Julien .

SYNOPSIS :

Dans un château de Basse-Normandie vivent Jérôme, sa mère et sa femme Marie. Un résistant français venu d’Angleterre leur tombe du ciel afin de préparer la route des parachutistes américains en vue de l’attaque, qui s’avèrera comique, d’une batterie.
Marie, jeune et belle, s’ennuie dans sa Normandie loin de la capitale qu’elle désire ardemment connaître. Pourtant, il se passe des choses et le débarquement est imminent. Certains cœurs s’embrasent devant ce bovarysme virevoltant qui ne désire qu’une seule chose : se griser dans la féerie du mouvement.

LE REALISATEUR :

Cinéaste peu prolifique, Jean Paul Rappeneau n’a réalisé que huit longs métrages depuis 1966 , mais chacun a été une réussite dans un genre difficile et peu prisé en France : la comédie de qualité. Le sommet de son œuvre reste son adaptation de l’œuvre franco-française Cyrano de Bergerac d ‘Edmond Rostand avec Gérard Depardieu dans le rôle titre, et qui lui valu de multiples récompenses. Mais il a débuté comme scénariste sur les films de Philipe De Broca ( L’homme de Rio , Le magnifique ) et a pu ainsi se familiariser avec la comédie rythmée et de qualité. Par ailleurs , il a accompagné les premiers films d’Alain Cavalier comme Le combat dans l’île, ou ceux de Louis Malle ( Zazie dans le métro), ce qui lui a permis de se former aussi au cinéma d’auteur. C’est ce mélange de fantaisie et d’innovation que l’on trouve dans La vie de château, son premier opus qui porte déjà en germe ce qui fera la grâce de son cinéma : légéreté, sens des cadrages,rythme, fantaisie et qualité de l’interprétation.

Filmographie :

  • 1958: Chronique provinciale (court-métrage)
  • 1966: La Vie de château
  • 1971: Les Mariés de l’an II
  • 1975: Le Sauvage
  • 1982: Tout feu, tout flamme
  • 1990: Cyrano de Bergerac
  • 1995: Le Hussard sur le toit
  • 2003: Bon voyage
  • 2015 : Belles Familles

CRITIQUES :

Par un coup de génie, ressort de la comédie, le cinéaste renverse les priorités : la grande Histoire (le Débarquement des troupes alliées en Normandie) et son déroulement sont déterminés par la petite histoire, la grande affaire sentimentale, moteur de l’action des trois protagonistes mus par l’envie de conquérir le cœur de la blonde héroïne. D’engueulades à répétition en courses poursuites, de portes qui claquent en plafonds qui s’effondrent, de marches furtives et nocturnes en transferts de paniers à provisions pleins de grenades qui explosent, les rebondissements incessants relancent la tension et les rires, au diapason des métamorphoses des personnages, des changements des états amoureux. Jean-Paul Rappeneau reconnaît avoir eu des difficultés à l’époque pour produire une comédie dite légère sur une guerre dont le souvenir reste vivace. Quelques années auparavant, Brigitte Bardot dans « Babette s’en va t en guerre » de Christian Jaque n’a pas convaincu des vertus comiques d’un sujet de ce type. Cette fois, le cinéaste, stimulé dans son entreprise par des scénaristes comme Alain Cavalier et Claude Sautet, servi par la composition musicale pétillante de Michel Legrand, réussit, pour son coup d’essai, un coup de maître. Laissons-nous donc prendre par le charme et l’intelligence de cette comédie faussement légère. Elle conjugue avec bonheur une virtuosité frondeuse à la Lubitsch et un esprit rebelle, cher aux Jeunes Turcs de la Nouvelle Vague.  (Samra Bonvoisin Le Café Pédagogique)

 

Cette fantaisie très enlevée, véritable vaudeville sophistiqué, est l’occasion pour Jean-Paul Rappeneau d’expérimenter sa technique de compression des situations qui donne à ses œuvres un rythme extraordinaire. Ici, chaque scène s’entrechoque avec la suivante, ne laissant guère le temps au spectateur de souffler. Cette rythmique comique déclenche le rire, fréquent dans cette savoureuse description de la guerre. Un grand soin a été apporté aux éclairages et le noir et blanc très contrasté est de toute beauté, se démarquant sans peine des autres comédies tournées alors. Ce premier film peut donc apparaître comme un coup de maître dans la carrière bien plus inégale de son auteur. (CRITIKAT)

 

Hasard du calendrier ? Au moment où l’on célèbre le 70e anniversaire du Débarquement, ressort en DVD (et pour la première fois en Blu-ray) La Vie de château, fameuse comédie où l’on voit Philippe Noiret et Pierre Brasseur se chamailler au moment de lancer une grenade sur un blockhaus du mur de l’Atlantique !… Quand le film sort en salles, en janvier 1966, ce cocktail où se mêlent la grande Histoire et le rire est encore audacieux, comme le rappelle le réalisateur Jean-Paul Rappeneau, longuement interviewé pour cette réédition. L’énorme succès de La Vie de château marque un tournant : on peut, désormais, ironiser sur la Résistance… Le film devance le triomphe de La Grande Vadrouille, qui sort en décembre de la même année, et devient vite un classique. En revisitant avec légèreté l’Occupation, Jean-Paul Rappeneau, né en 1932, retrouve sa jeunesse. Il a écrit le scénario avec, notamment, l’aide de son camarade et cinéaste Alain Cavalier qui dit dans l’un des bonus : « Pour ce film, nous avons retrouvé nos regards d’adolescents, qui voyaient passer les choses de la guerre mais ne les vivaient pas. (TELERAMA)

La Vie de château se présente donc comme une conjugaison de talents et s’inscrit dans une lignée de comédies américaines prenant comme décor la Seconde Guerre mondiale (on pense notamment à To Be or Not To Be de Lubitsch ou Stalag 17 de Billy Wilder). D’un point de vue historique, si le film marque l’entrée en fanfare de Jean-Paul Rappeneau dans le cercle des réalisateurs de comédies, il est également le premier opus d’une série de comédies populaires se déroulant pendant cette période, pourtant sombre, de notre histoire : de Gérard Oury (La Grande vadrouille, L’As des As) à Gérard Jugnot (Monsieur Batignolle) en passant par Philippe de Broca (Le Roi de coeur), le genre est demeuré vivace jusque très récemment puisque Jean-Paul Rappeneau signa avec Bon voyage (2003) une œuvre où résonne les échos de La Vie de château. Nous vous invitons à (re)découvrir ce premier chef-d’œuvre d’un réalisateur d’exception, un film d’une fraîcheur irrésistible habité par une Catherine Deneuve plus belle et savoureuse que jamais. La Vie de château est un remède à la morosité, indispensable et pétillant. CHAMPAGNE !!  (EVA MARKOVITZ LES INROCKUPTIBLES)

 

 

 

 

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