Les bienheureux
de Sofia Djama
France – 2017 – 1h42
Fiche technique :
Réalisation : Sofia Djama
Scénario : Sofia Djama
Décors : Patricia Ruelle
Costumes : Claire Dubien
Photographie : Pierre Aïm
Montage : Sophie Brunet
Son : Jean Umansky
Avec Sami Bouajila, Nadia Kaci, Amine Lansari Lyna Khoudri, Adam Bessa
Synopsis :
Alger, quelques années après la guerre civile. Amal et Samir ont décidé de fêter leur vingtième anniversaire de mariage au restaurant. Pendant leur trajet, tous deux évoquent leur Algérie : Amal, à travers la perte des illusions, Samir par la nécessité de s’en accommoder. Au même moment, Fahim, leur fils, et ses amis, Feriel et Reda, errent dans une Alger qui se referme peu à peu sur elle-même.
La réalisatrice:
Sofia Djama est une scénariste et une réalisatrice algérienne née en 1982 à Oran. Elle suit des études de lettres et de langues étrangères à Alger puis travaille ensuite dans le domaine de la publicité tout en écrivant parallèlement des nouvelles, dont une dont elle tirera quelques années plus tard son court métrage : Mollement, un samedi matin.
Ce premier court-métrage est diffusé en 2012, et reçoit un bon accueil. Il est doublement primé au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand.
En 2017, elle sort le long métrage, Les Bienheureux, retenu en compétition officielle à la Mostra de Venise et qui se voit recevoir le prix de la meilleure actrice à sa jeune interprète Lyna Khoudri. Le film obtient aussi la mention spéciale du jury au Festival méditerranéen de Montpellier 2017.
En janvier 2018, avec son film Les Bienheureux, elle participe à la 19e édition du Black Movie de Genève (Suisse) ou elle obtient le prix du public.
Propos de la réalisatrice :
«… Le film est un regard sur ce qu’est devenu le couple au fil du temps car le politique est rentré dans l’intime, ce qui abîme ce couple c’est quand leur vision et leur perception de l’Algérie se séparent. Les personnages du film sont les héritiers de quelque chose : moi je n’étais pas née dans les années 70 mais il y a eu comme une période bénie, en tout cas dans les discours, il y a une nostalgie qu’on cultive sur une Algérie qui a été heureuse, j’avais le sentiment que cette génération-là c’était la génération héritière de l’indépendance où on attendait que quelque chose de merveilleux se passe en Algérie mais qui n’a finalement pas eu lieu. La désillusion s’est installée alors mais dans ce film il y a un contrepoint, c’est celle de la résistance des jeunes qui essaient de s’inventer une liberté dans un espace qui les contraint à l’absence de liberté justement. »
Critiques :
Premier long-métrage de Sofia Djama, « Les Bienheureux » fouille avec courage et détermination dans les blessures du passé, comme l’on fait les films des confrères argentins ou chiliens quand le cinéma de leurs pays a réapparu à la sortie des dictatures. Thomas Sotinel – Le Monde.
Il y a une sorte d’indolence dans la réalisation, un lâcher prise salutaire dans la construction dramatique qui puise avant tout son énergie dans ses acteurs : Sami Bouajila et Nadia Kaci font vivre leur couple avec une extrême sensibilité, une finesse de jeu qui rend poignant ce couple au bord du naufrage mais qui refuse de le reconnaître. Vincent Thabourey – Positif
Nadia Kaci et Sami Bouajila interprètent avec beaucoup de sensibilité ce couple d’intellectuels qui parlent français et rejettent la « bigoterie distillée par l’État » (…). Mais le film prend tout son sens lorsqu’il s’intéresse à la jeune génération. Céline Rouden – La Croix
C’est un film bavard sur la difficulté de communiquer, où les choses graves sont expectorées brutalement, sans prévenir. Sophie Djama procède par des ruptures de ton qui donnent sa couleur mélancolique aux Bienheureux, traversé de longues plages d’errance dans un Alger très peu vivant, comme figé dans le temps. Puissant. Christophe Narbonne – Première
Les Bienheureux tient, donc, de la chronique sobrement élégante. Où la tension, légère au début, s’amplifie. Où la sensation d’un piège, d’une chape de plomb pèse de plus en plus. La ville est sensuelle, mais chaotique et oppressante, et certains cherchent à se soustraire à son étreinte. Jacques Morice – Télérama