Téhéran tabou

Téhéran tabou

de Ali Soozandeh – Allemagne/Autriche – 2017- 1h36

Fiche technique :

Réalisation et scénario: Ali Soozandeh

Image : Martin Gschlacht

Son : Janis Grossmann

Montage : Frank Geiger

Distribution : Elmira Rafizadeh (Pari ), Zahra Amir Ebrahimi (Sara), Arash Marandi (Babak), Bilal Yasar (Elias), Negar Mona Alizadeh ( Donya) .

Synopsis :

Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.

Le réalisateur :

 Ali Soozandeh est né  en 1970 à Shiraz en Iran. Il étudie l’art à Téhéran et à l’âge de 25 ans il falsifie son passeport pour fuir l’Iran (ce qui équivaut à un autobanissement et interdiction de retour en Iran) en laissant derrière lui sa famille pour s’installer en Allemagne à Cologne. Il participe à de nombreux projets cinématographiques et télévisés en tant que spécialiste de l’animation avant de se lancer comme réalisateur avec Téhéran tabou, son premier film.

Propos du réalisateur :

Pourriez-vous décrypter le contexte social de l’Iran d’aujourd’hui et décrire ces tabous auxquels le film fait référence ?

– Ali Soozandeh : Briser les tabous, c’est protester. En Iran, les prohibitions juridiques et les restrictions morales façonnent le quotidien. Mais dès que la sexualité est réglementée, les gens trouvent comment contourner les interdits. A ce jeu-là les Iraniens se montrent très créatifs. L’absence de liberté les pousse à avoir une double vie, un double standard de valeurs. Dans leur vie sociale, ils font preuve d’une austérité de façade. Dans leur vie privée, le sexe, l’alcool, les drogues sont parfois sans limites. « Téhéran Tabou »  parle de ces doubles standards avec lesquels les Iraniens déjouent quotidiennement les interdits. Cela entraîne de nombreuses complications sociales qui peuvent conduire à des situations absurdes, voir comiques.

Quel est le rôle des femmes dans la société contemporaine ?

– A. S. : Les représentations que les Occidentaux se font de l’Iran sont toujours du domaine du cliché. Ce sont des stéréotypes qui vont de l’exotisme des Mille et Une Nuits, à la férocité du régime islamique en passant par la menace nucléaire. Mais la réalité qu’on voit dans les rues de Téhéran est bien plus diverse. Les femmes sont souvent plus  éduquées que les hommes et ont un rôle plus visible dans la vie quotidienne que dans d’autres pays islamiques comme l’Arabie Saoudite. Il n’y a pas qu’un seul type de femme moderne iranienne. Cela va des fondamentalistes religieuses aux féministes occidentalisées.

Vous vous mettez en empathie avec vos personnages…

– A. S. : Je pense sincèrement que  les gens et leurs rêves sont les mêmes  partout dans le monde. Seules les circonstances diffèrent. Je crois que n’importe quel public peut s’identifier aux personnages de ce film qui souffrent tous des tabous liés au sexe et des restrictions de la société iranienne. Ils sont à la fois les victimes et les coupables. Personne  dans le film n’est absolument bon ou mauvais.

Critiques :

Présenté à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes, Téhéran Tabou se fait une place parmi ces films rares et cependant de plus en répandus qui luttent et militent ouvertement pour la brisure des tabous. En témoigne le titre de ce long-métrage d’animation, audacieux aussi bien sur la forme que le fond.   Avoir a lire

De notre œil occidental, ce film ne va pas forcément nous surprendre ou nous sembler  enchaîner suffisamment les rebondissements scénaristiques, pourtant il n’en constitue pas moins un témoignage inédit et nécessaire. Oscillant entre fiction et témoignage réaliste, Téhéran Tabou nous rappelle ce que vivre en Iran implique dans la vie quotidienne, sans pour autant tomber dans un ton larmoyant. D. C.

Comme il va de soi que le réalisateur germano-iranien n’aurait jamais pu tourner une histoire aussi audacieuse à Téhéran, il a choisi le vecteur de l’animation, en lui donnant néanmoins une dimension réelle avec le recours à la rotoscopie, un parti pris gagnant avec un très beau graphisme restituant avec art  l’atmosphère bigarrée de la capitale iranienne et une insertion assez douce des  personnages dans l’image. Mais au delà de son esthétique, c’est surtout son contenu qui distingue radicalement le film de toutes les images connues  reflétant l’Iran.    La Croix  

 

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