Les éternels

Les éternels

de Jia Zhang-Ke – 2018 – (2h15)  Chine

Fiche technique

Réalisation et Scénario: Jia Zhang-Ke

Image: Eric Gautier

Musique : Giong Lim

Distribution : Zhao Tao (Qiao), Liao Fan (Bin), Xu Zheng, Feng Xiaogang, Diao Yinan, Ding Jiali, Casper Liang…

Synopsis

A Datong, dans la province du Shanxi, la population ouvrière est invitée par les autorités à se relocaliser avec son industrie minière dans la province frontalière du Xinjiang, à l’extrême nord-ouest du pays. Ce déplacement ouvre une brèche considérable dans l’économie locale pour la prospérité des réseaux mafieux. Bin, jeune lieutenant respecté, règne sur une salle de jeux et se hisse à la tête de son clan, au côté de la belle Qiao. Ensemble, ils ne forment pas exactement un couple, mais un alliage indéfectible de souveraineté et de prestance qui scintille d’un éclat aveuglant. La ville leur tend les bras (et un juteux marché de promotion immobilière), jusqu’à ce qu’une bande rivale, plus jeune et irrespectueuse des traditions, entreprenne de les renverser.

Le Réalisateur

            Né à Fenyang (province du Shanxi) en 1970 dans une famille intellectuelle et bourgeoise, déplacée dans cette ville pendant la révolution culturelle, Jia Zhang-Ke entreprend des études de peinture et publie un roman avant d’intégrer l’Académie du film de Pékin dont il sort diplômé en 1997. La même année ,sort son premier long-métrage Xiao Wu, artisan pickpocket sélectionné au Festival de Berlin mais censuré en Chine comme ses trois films suivants. Il devient la figure du cinéma underground jusqu’en 2004 où le gouvernement chinois décide de produire ses films. Parallèlement à ces longs-métrages, il réalise documentaires et courts-métrages.

La plupart de ses œuvres ont été remarquées dans les plus grands festivals de cinéma européens. En 2015, il s’est vu décerner Le Carrosse d’Or par la Société des réalisateurs de Films, organisatrice de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Il produit également les films de jeunes réalisateurs. Il a été président de la compétition de courts métrages Cinéfondation en 2007 et membre du jury du Festival International du Film de Cannes en 2014. En 2016, il était le parrain de La Fabrique des cinémas du monde un programme destiné au soutien de jeunes talents de réalisateurs des pays du Sud, dans le cadre du Festival de Cannes.

Cherchant les chemins pour faire connaître le cinéma indépendant en Chine, Jia Zhang-Ke crée en 2016 un réseau de 100 salles de cinéma ­consacré au cinéma indépendant chinois et étranger. En 2017, il met sur pied à Pingyao (Shanxi), un festival de cinéma de jeunes pousses et de cinéastes confirmés chinois et étrangers. Élu député en 2018 dans sa province du Shanxi, il veut se battre pour l’industrie du cinéma et peser sur les décisions prises dans les domaines de la culture et du cinéma.

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE

  • XIAO WU, artisan pic-pocket —1997
  • Platform —2000
  • Plaisirs inconnus — 2002
  • The world — 2004
  • Still Life — 2006, Lion d’or à la Mostra de Venise en 2006
  • 24 City — 2008
  • I wish, I knew — 2010
  • A Touch of Sin — 2013, prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 2013
  • Au-delà des montagnes — 2015
  • Les Eternels —2018

PROPOS DU RÉALISATEUR

Sur une telle période, dix-sept ans de l’histoire de quelqu’un, je pense que le talent de Zhao Tao m’a donné confiance et m’a permis d’accomplir un désir que j’avais sur le plan esthétique : suivre quelqu’un de ses 20 ans à ses 40 ans. C’était comme de réaliser un travail documentaire, dont le sujet serait l’influence du temps sur une personne. Au niveau des expressions, du visage, du corps, tous ces changements que le temps opère. C’est très émouvant lorsque c’est pris en charge par une seule personne.

PROPOS DE L’ACTRICE ZHAO TAO

Au début, j’ai essayé de jouer Qiao en appliquant ce qu’on peut appeler «la logique du jianghu» qui est tout simplement la foi dans la morale chinoise traditionnelle du jianghu,et d’en faire le principe directeur de toutes ses actions. Mais plus tard, j’ai pensé qu’il était plus important de montrer sa « logique féminine ».

CRITIQUES

Pour s’aider – un peu comme le fait Marion Cotillard -, Zhao Tao prend l’habitude d’écrire une biographie détaillée de ses héroïnes: l’enfance, les amours, mais surtout les sentiments soi-disant contrôlés, qu’on ne peut s’empêcher de laisser filtrer, par instants. Présenté au festival de Cannes, l’an dernier, Les Eternels aurait dû être son triomphe. Changer de visage et de comportement d’une scène l’autre, émerger, pantelante, d’une rupture amoureuse dans un hôtel, pour devenir la gardienne autoritaire d’un truand décevant, aurait mérité un prix d’interprétation.      Pierre Murat

 Les Éternels semble conclure un cycle pour Jia Zhang-ke. Il nous offre une œuvre qui pourrait contenir toutes les autres si nous nous laissons bercer par sa quête poétique qui n’est pas une quête de sens, mais de sensations. Le dernier film du cinéaste chinois ressemble à ses deux précédents, mais pourtant l’œuvre n’a pas la même résonance. Dans le mouvement circulaire qui berce le monde, le cinéma de Jia Zhang-ke a finalement fait un tour complet.      Kephren Montoute, EastAsia

Cette mélancolie diffuse qui imprègne l’œuvre de Jia Zhang-Ke, tire sans doute son origine de l’obsessionnelle attention que le cinéaste accorde à l’évolution d’un pays, saisi dans ses mutations géographiques comme ses convulsions sociales.        Baptiste Roux, Positif

Ce contenu a été publié dans Les fiches de films 2019-2020. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *