La juste route
Titre original : 1945
de Ferenc TÖRÖK (1h31) Hongrie 2017
Fiche technique :
Scénario : Ferenc TÖRÖK, d’après la nouvelle de Gabor T. Szanto « Homecoming » ; Image: Elemer Ragalyi ; Montage: Bela Barsi ; Musique: Tibor Szemző ; Décor Laszlo Rajk
Avec : Peter Rudolf, Bence Tasnádi, Tamas Szabó Kimmel
Synopsis :
En août 1945, au cœur de la Hongrie, un village s’apprête à célébrer le mariage du fils du notaire tandis que deux juifs orthodoxes arrivent, chargés de lourdes caisses. Un bruit circule qu’ils sont les héritiers de déportés et que d’autres, plus nombreux, peuvent revenir réclamer leurs biens. Leur arrivée questionne la responsabilité de certains et bouleverse le destin des jeunes mariés.
Réalisateur :
Né en 1971 à Budapest, Ferenc Török étudie le journalisme au Collège János Vitéz d’Esztergom, puis intègre le département de réalisation de l’école de cinéma de Budapest, la SFE. Pendant ses études, il réalise plusieurs courts-métrages et documentaires, dont certains ont été diffusés à la télévision. En 2001, il remporte le Prix du public du Festival du film hongrois avec son film de fin d’études, Moscow Square. Membre de l’Académie européenne du cinéma depuis 2007, il reçoit en 2008 le Balázs Béla de l’État hongrois, une récompense qui honore les services rendus à l’art et au cinéma national.
Filmographie :
La Juste Route (1945), réalisateur, scénariste, producteur (2017) ; No Man’s Island (Senki szigete), réalisateur (2014) ; Istamboul (Isztambul), réalisateur, scénariste (2011) ; Apaches (Apacsok), TV, réalisateur (2010) ; Pile-up (Koccanas), TV, réalisateur (2009) ; Overnight, réalisateur, scénariste (2007) ; Eastern sugar (Szezon), réalisateur, scénariste (2004) ; Moscow Square (Moszkva ter), réalisateur, scénariste (2001)
L’interview :
« C’est un passage dans l’histoire de la Hongrie, qui n’est pas tellement représenté dans la littérature ou au cinéma. On a plutôt tendance à se focaliser sur la Seconde Guerre Mondiale elle-même, ou sur la dictature des années cinquante. Je voulais présenter un tableau social de la Hongrie juste après la guerre.. »
« C’est une période tragique de l’histoire à laquelle tout le monde est lié d’une façon ou d’une autre. Pourtant, je n’ai pas été guidé par une histoire familiale personnelle, c’est une fiction. Si je dois parler de ma connexion avec cette histoire, je pense au thème du recommencement, comment la société doit surmonter les traumatismes, se confronter au passé et entreprendre une nouvelle vie. »
« Se souvenir est un acte essentiel, c’est la seule façon de ne pas oublier. Il n’y a pas d’autre option. Ce film ne parle pas du fait historique bien connu de la Shoah, mais montre un autre aspect de l’histoire européenne, le drame des survivants qui sont revenus, qui ont trouvé une société en partie hostile et qui avait pris possession de leurs biens. »
Critiques :
Aboutissement d’un projet d’une dizaine d’années, extrêmement esthétique, Ferenc Török livre avec La juste route un film fort dans une Hongrie tout juste sortie de la Seconde guerre mondiale, et pas encore entrée dans le communisme. Une courte période jusqu’ici peu portée à l’écran. Pierre-Julien Marest (Télérama)
On en sort bouleversé, et même commotionné. Cela tient à la beauté cruelle de l’image, à l’impressionnante interprétation des deux rescapés que fige la douleur, et à la représentation moderne d’une tragédie antique, où les vivants rampent tandis que les survivants s’élèvent. La Juste route soulève avec une gravité mêlée d’une pointe d’humour la difficile question du retour des déportés. Jérôme Garcin
Le film de Ferenc Török peut sembler lacunaire en raison de son extrême concision, mais sans doute faut-il envisager La Juste route comme un conte pour l’apprécier à sa juste valeur. Les Fiches de Cinéma