Seule la terre

Seule la terre

(GOD’S OWN COUNTRY)

Francis Lee – Angleterre- 2017- 1H44

 

Fiche technique :

Réalisation et scénario :Francis Lee

Image : Joshua James Richards

Décors : Stéphane Collonge

Montage : Chris Wyatt

Son : Anna Bertmark

Musique : A Winged Victory For The Sullen

Interprétation : Josh O’Connor (Johnny) ; Alec Secareanu (Gheorghe) ; Gemma Jones

(Deirdre) ; Ian Hart (Martin).

Synopsis :

Johnny travaille sans relâche dans la ferme familiale, en plein milieu du Yorkshire, suite à la maladie de son père qui l’a laissé invalide. Le soir, il tente d’oublier son amertume et sa frustration au pub, et sa vie sentimentale se réduit à des aventures sans lendemain. Quand arrive Gheorghe, un saisonnier roumain, Johnny se retrouve confronté à des sentiments jusqu’alors inconnus…

Le réalisateur :

Francis Lee est né en 1969 dans la ferme familiale, à Sovland, dans l’ouest du Yorkshire. Après des études secondaires à Sowerby Bridge et Wakefield, il a étudié l’art dramatique au Rose Bruford College, puis a joué dans de nombreuses pièces de théâtre, ainsi qu’à la télévision et au cinéma, notamment sous la direction de Mike Leigh (Topsy Turvy).

En 2012, il réalise un premier court-métrage, The Farmer’s Wife, puis un second ,  Bradford-Halifax-London : tous deux remportent de nombreux prix dans des festivals à travers le monde. En 2014, son troisième court, Smallholder, est un documentaire consacré à son père, dernier fermier en activité sur une colline du Yorkshire.

Seule la terre est son premier long-métrage. Il a été sélectionné au festival de Sundance, où il a remporté le Prix de la mise en scène, et au festival de Berlin, où il a reçu le Teddy Awaed du Männer Jury.

Propos du réalisateur :

 » La première inspiration a été les paysages. Sans doute parce que je suis né dans le Yorkshire, que j’y ai grandi, que j’y vis et que mon père continue à y élever des moutons . C’est ma vie, mon clan, ma passion…Je voulais filmer ces paysages comme si je les découvrais pour la première fois. Montrer comment ils forment les êtres humains. Comment ils les rapprochent, les séparent, les unissent…

… ça ne m’intéressait pas particulièrement de me focaliser sur les problèmes propres à la sexualité des personnages, leur coming-out. Ce n’est pas un film autobiographique, vraiment pas, mais cela reste une œuvre très personnelle.

 n… Je suis un fan absolu de l’espoir. Quand je sors d’une salle de cinéma où j’ai vu, durant deux heures, souffrir les personnages que le réalisateur précipite vers un destin tragique, je me dis : « Oh non ! Pourquoi tant de haine ? » Johnny et Gheorghe avaient traversé tant d’épreuves, s’étaient montrés si opiniâtres et courageux, qu’ils méritaient, selon moi, un avenir. L’amorce d’un espoir possible.

Critiques :

 On aurait tort de réduire ce premier long-métrage à un Brokeback Mountain dans le Yorkshire. A vrai dire, l’homosexualité des deux protagonistes, sans être anecdotique ou secondaire, n’est pas véritablement l’enjeu central du récit, qui décrit plutôt le cheminement psychologique et sentimental d’un jeune agriculteur ne voulant pas céder au poids de la passion, et n’en ayant pas le temps(…) Nulle homophobie explicite ou implicite ne vient donc créer une tension dramatique(…)Le mérite du film est donc d’emprunter une autre voie. (A Voir, A Lire)

 Visuellement, le choix du réalisateur oscille entre une peinture crue de la nature régionale, à la limite du documentaire, et une envie de montrer la difficulté des corps à se mouvoir, la saleté dominante et finalement la grâce de la vie que l’on peut y trouver(…)Les corps sont filmés directement, le spectateur est alors proche de la chair, à la ressentir dans sa tristesse et dans son envie de désir permanent. A ce titre, le film est une réussite totale, l’un des vrais traitements narratifs restant cette image de la peau fatiguée mais bel et bien vivante, (Ecran Large).

 Usant de belles paraboles pour signifier l’acceptation de l’autre et la tentation de cacher sa vraie nature pour être mieux accepté,  le scénario emprunte des voies aussi ardues que par moment romantiques, Et, au final, « Seule la terre » s’avère un film poignant sur le besoin et le droit d’être libre et heureux. (Abus de ciné)

Le cinéma LGBT :

Longtemps quasi inexistante ou censurée, la thématique LGBT ne s’est vraiment développée dans le cinéma qu’à partir des années 1960, marquées par la libération des mœurs. Plus qu’en littérature peut-être, l’homosexualité a eu au cinéma une fonction marquée de revendication, en partie parce que les images ont ce pouvoir de toucher plus directement le public.

Un film important à cet égard est Le secret de Brokeback Mountain, d’Ang Lee (2005), qui, par son succès mondial et le nombre impressionnant de récompenses reçues, a sans doute permis de faire atteindre une nouvelle dimension au genre. Citons aussi Harvey Milk, de Gus Van Sant (2008), pour lequel Sean Penn remporte l’Oscar du Meilleur Acteur, premier film hollywoodien grand public dans lequel le personnage se revendique homosexuel.

Il existe acuellement un nombre impressionnant de festivals consacrés aux films LGBT, partout dans le monde, de l’Afrique du Sud en passant par la Tunisie, le Canada, les Etats-Unis, l’Argentine,le Corée du Sud, l’Inde, et de nombreux pays d’Europe. En France, en 2012, on comptait quatorze festivals de ce genre. Certains festivals internationaux, comme celui de Berlin ou de Cannes, possèdent désormais une section spéciale pour les films LGBT.

 

Ce contenu a été publié dans Les fiches de films 2019-2020. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *