Sibel
de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
Allemagne, France, Luxembourg, Turquie – 2018 – 1h35
Fiche technique
Réalisation : Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
Scénario : Çağla Zencirci, Guillaume Giovanetti et Ramata Sy
Image:Eric Devin
Son : Tim Stephan et Stephan Konken
Musique : Bassel Hallak
Montage : Véronique Lange
Production : les films du Tambour, Riva Filmproduktion, Mars Production, Reborn Production
Distribution : Damla Sönmez (Sibel), Emin Gürsoy (Emin, le père), Erkan Kolçak Köstendil(Ali le fugitif), Elit Iscan (Fatma, la sœur de Sibel), Mera Cetinkaya (Narin)
Synopsis :
Sibel vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes de la mer Noire en Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif…
Les Réalisateurs
Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti, couple franco-turc coréalisent des films depuis 2004. Ensemble ils ont tourné plusieurs courts métrages et documentaires au Moyen-Orient, en Asie, et en Europe. En 2012 ils coréalisent Noor, leur premier long métrage tourné au Pakistan puis un deuxième long métrage, Ningen tourné au Japon. Ils vivent entre Paris, Istanbul et Lahore. Sibel est leur troisième long métrage.
Interview
– Qui est Sibel ? Comment la décririez-vous ?
– Z. G. : Elle n’est pas l’apanage de la société turque. Il existe des Sibel partout dans le monde, ces femmes confinées à un cadre, la société leur inflige des limites. Mais la trajectoire de Sibel est celle d’une forme d’affranchissement. Du fait de son handicap, elle n’est pas polluée par ce qu’on impose quotidiennement aux femmes… Elle se développe autrement, avec une acuité dans sa vision du monde à la recherche d’une force intérieure originelle et primitive. La quête de son identité s’incarne dans cette quête de la bête sauvage, du fameux loup.
– Que symbolise le loup ?
– Z. G. : le loup est une menace, surtout pour les femmes. Elle est brandie par les hommes comme pour mettre une barrière entre le village et ce qu’il y a par-delà. Il ne faut pas en sortir. Sibel traque le loup. Elle veut essayer de faire quelque chose pour avoir la reconnaissance sociale. Elle cherche aussi à localiser sa peur et à s’en libérer tout en libérant les autres. Derrière l’idée du loup, il y a évidemment aussi la métaphore et l’imagerie du conte. Nous aimons raconter des histoires populaires liées à des mythologies locales. En définitive, le loup est ici une métaphore protéiforme, on peut y voir ou y projeter beaucoup de choses.
Critiques :
Un film sensible, sensoriel, qui bat au rythme des pulsations de la nature, faisant ainsi écho aux sentiments. Le Monde
Partant d’un fascinant particularisme ethnologique pour aboutir à une subtile fable d’affranchissement, Sibel tient son pari d’équilibriste entre fiction et documentaire avec une maitrise , une harmonie et une grâce prodigieuse. Les Inrock
Les genres de la fable engagée, du documentaire, du récit psychologique vous paraissent inconciliables ? C’est pourtant le tour de force réussi par Sibel. Positif
Un récit envoûtant porté par une actrice magnétique et une mise en scène sobre mais sensorielle. Le Journal du Dimanche
C’est dans et par le voyage que s’est construit le cinéma de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti. Tournés au Pakistan, au Japon et plus récemment en Turquie, les longs métrages du duo reposent sur une mise en récit partagée par les habitants des lieux découverts, ces derniers réinventant leur propre histoire aux côté des cinéastes avant de la rejouer face à la caméra. N. Brarda