Tel Aviv on fire

Tel Aviv on fire

de   Sameh Zoabi   (1h 37)  2018

Luxembourg / Israël / France / Belgique

 

Fiche technique :

Réalisateur : Sameh Zoabi

Distribution :  Yaniv Biton, Nadim Sawalha

Scénario : Dan Kleinman, Sameh Zoabi

Monteuse : Catherine Schwartz

Son : Alain Sironval

Synopsis :

Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès Tel Aviv on Fire. Tous les matins, il traverse le même barrage routier pour aller travailler à Ramallah. Un jour, Salam se fait interroger par Assi, un officier israélien, fan de la série. Pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario. Évidemment, rien ne se passera comme prévu.

A propos du réalisateur :

Son premier film « Téléphone arabe » (2010) a gagné plusieurs prix du public, et l’Antigone d’Or au Cinemed. « Tel aviv on Fire », son deuxième long-métrage, est présenté en 2018 à la Mostra de Venise (section Orizzonti), il reçoit le Prix du Meilleur Acteur, et est présenté également au Festival de Toronto (section Discovery).

L’interview :

Tel Aviv on fire est une comédie. Qu’est ce que cela signifie, faire une comédie en Israël alors que vous êtes palestinien ?

Faire une comédie ancrée dans la réalité du conflit israélo-palestinien était un défi important. Les gens envisagent cette région et le conflit avec beaucoup de sérieux, et les tentatives d’en rire sont rapidement considérées comme trop légères. Pour ma part, j’estime que la comédie permet d’aborder des questions très sérieuses d’une façon plus subtile. Dans mes films, j’essaie à la fois de divertir et à la fois de parler des conditions de vie de mes personnages de manière sincère.

Mon premier film, Téléphone Arabe, s’inspirait de ma jeunesse. Je ne cherchais pas forcément à en faire une comédie, je souhaitais plutôt décrire la réalité dans laquelle j’ai grandi en tant que palestinien et de la manière la plus fidèle possible. La cohabitation entre un sentiment de désespoir permanent, un certain esprit, et un sens de l’humour autour de la table. Avec Tel Aviv on Fire, l’histoire aborde frontalement l’idée de perspectives conflictuelles. Comme dans mon précédent film, le ton est comique – pas pour mettre en relief une situation qui est plus tendue que jamais, mais plutôt pour utiliser les mécanismes que le comique d’exagération peut apporter. Comme l’a dit Charlie Chaplin, « Pour rire vraiment, vous devez être capable de prendre votre douleur et de jouer avec. »

Salam, votre personnage principal, travaille sur un soap opéra arabe produit à Ramallah. Un soap opéra ?

Les soap opéras sont une affaire sérieuse au Moyen-Orient. Les gens les regardent assidument et sont très impliqués dans ces feuilletons. Ce qui m’a toujours étonné, ce sont les avis des téléspectateurs. Ils trouvent les dialogues et les jeu des comédiens plus crédibles dans les soap que dans les films de cinéma. Le soap opéra m’a permis d’explorer des choses qu’on ne peut pas aborder autrement dans le cinéma. Par exemple, dans la scène d’ouverture du film, que je trouve assez politique, les personnages palestiniens du soap expriment leurs sentiments à l’approche de la guerre des Six-Jours 1967. Ils parlent de leurs espoirs, de l’histoire et de la crainte de l’occupation de Jérusalem par Israël. Ils expriment leurs émotions, sans filtre, mais parce que cette scène se déroule à l’intérieur d’un soap opéra, elle prend une tournure différente.

Pouvez-vous nous parler des différents niveaux de lecture que contient Tel Aviv on fire ?

Lorsque j’ai montré mon film précédent, j’ai constaté à quel point le cinéma pouvait facilement faire ressurgir le conflit entre les différents récits palestinien et israélien. Il y avait ceux qui pensaient que mon film étaient trop pro-palestinien et anti-Israélien, et d’autres pensaient l’exact inverse. Ce conflit des points de vue, c’est la ligne directrice sous-jacente de Tel Aviv on fire.

À un niveau personnel, le film parle d’un artiste (un aspirant écrivain) qui lutte pour trouver sa voie à l’intérieur de cette réalité politique complexe. Je suis entouré de personnes comme Salam, qui n’ont pas trouvé exactement qui ils sont. Ils essaient de faire au mieux et de trouver leur place dans le monde tout en étant en permanence face à des difficultés. Je suis attiré par les personnages qui tentent d’évoluer et de s’améliorer mais ne savent pas comment y parvenir.

Critiques :

Sameh Zoabi n’a pas choisi la facilité en abordant le conflit israélo-palestinien sur un mode comique et pourtant ça fonctionne, grâce à un scénario réglé comme une horloge. La mise en scène joue habilement des codes du soap opéra comme du film à suspense, dessine parfaitement ses personnages et nous laisse pantois quant à la façon dont Salam va se tirer de toute cette affaire.     T. Lequeu     DIAGONAL

C’est que face à l’insoutenabilité de l’histoire, Sabeh Zoabi se déplace sur le terrain de la métahistoire. La guerre des Six-Jours – advenue il y a plus de cinquante ans – requalifiée à l’aune d’un suspense sentimental. La guerre des récits nationaux transformée en rivalité scénaristique. Sans doute pourrait-on reprocher à Sameh Zoabi cette fuite hors de la réalité. Il nous semble, au contraire, que la justesse de son point de vue consiste à montrer que l’empoisonnement qui touche ce territoire relève précisément de l’antagonisme des imaginaires. Aussi bien pourrait-on le remercier, en appréciant l’immense mérite qui lui revient à la place qui est la sienne, d’y apporter cette touche de réconfort et d’amabilité.  LE MONDE

Le film s’ouvre sur une scène de soap opera qui présente toutes les outrances du genre (image surexposée, zooms violents, jeu d’acteur médiocre, etc.) et joue constamment du décalage avec la réalité, montrée quant à elle sur un ton neutre, sans emphase, qui entend évoquer une esthétique documentaire. Mais la caricature est tellement grossière d’un côté et la mise en scène tellement générique de l’autre que les effets comiques peinent à convaincre.    CRITIKAT

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