YULI
de Icíar Bollaín ( 1h44 ) Espagne 2019
Fiche technique :
Réalisation : Icíar Bollaín
Scénario Paul Laverty
Musique : Alberto Iglesias
Chorégraphie :Maria Rovira
Avec : Carlos Acosta, Santiago Alfonso, Kevyin Martínez, Edilson Manuel Olvera
Synopsis :
L’incroyable destin de Carlos Acosta, danseur étoile, des rues de Cuba au Royal Ballet de Londres.
Réalisatrice :
Née à Madrid en 1967, Icíar Bollaín fait ses débuts dans le monde du cinéma à 16 ans seulement en jouant dans le film « El sur » (1983), de Víctor Erice. Elle poursuit sa carrière d’actrice en participant à différents films, dont « un Parapluie pour trois » et « Land and Freedom ». Mais c’est en tant que réalisatrice qu’elle remporte ses plus grands succès. Elle réalise son premier long métrage, « Hola, ¿estás sola? », en 1995.
Filmographie :
2019 | Yuli | |
2015 | L’Olivier | |
2011 | Katmandú, un espejo en el cielo | |
2010 | Même la pluie | |
2007 | Mataharis | |
2004 | Ne dis rien | |
1999 | Flores de otro mundo |
L’interview :
Qu’est-ce qui peut amener une réalisatrice madrilène à tourner un film aussi cubain que celui-ci ?
Icíar Bollaín : On a proposé l’autobiographie à Paul, pour qu’il l’adapte, et j’ai trouvé l’histoire très belle : un garçon issu d’un quartier pauvre de La Havane, qui de surcroît ne veut pas être danseur, finit par devenir l’étoile du palais Royal Ballet. Paul s’est mis à enquêter et il a découvert que le nom Acosta vient d’une plantation où travaillaient des esclaves : Carlos est un arrière-petit-fils d’esclave qui a fini danseur à Londres. Paul a aussi noté combien Carlos avait une relation contradictoire avec son père : c’est la colonne vertébrale de l’histoire et malgré tout, Carlos a dédié son livre à son père. Et puis il y a Cuba, toujours brûlante. Le pari était clair : il s’agissait de mélanger fiction et danse, car certains éléments de l’histoire sont racontés à travers la danse, et ça été très beau de travailler avec le musicien Alberto Iglesias mais aussi la chorégraphe Maria Rovira. Le challenge était que le spectateur ne perde pas le fil de l’histoire : on se met à danser, mais le public doit suivre. Ce qui, sur le papier, semblait fonctionner très bien, était tout de même un risque : comment filmer la danse ? Où se placer pour regarder le numéro ?
Comment vous êtes-vous préparée pour aborder ce défi narratif ? En regardant des films de Bob Fosse ?
Oui, et Billy Elliot. Je me suis rendu compte que dans beaucoup de ces films qui ne sont pas des pures comédies musicales, les personnages dansent à peine : la danse est un prétexte, comme par exemple dans Black Swan. On a vraiment misé, pour Yuli, sur l’idée de montrer des numéros de danse complets. Ainsi, nous avons fait un casting de danseurs, pour trouver des danseurs qui sachent jouer. La caméra danse avec eux, parce qu’il n’y a pas de coupe ni de tricherie.
Le film parle aussi du fait de devoir laisser derrière soi son pays natal pour triompher ailleurs…
Cela arrive quelle que soit la discipline, si elle est de haut niveau : si on veut être sportif de niveau olympique, il faut aller aux Jeux et se mesurer aux meilleurs du monde. Ces compagnies de ballet sont l’élite du monde de la danse classique : pour voir si on fait partie des meilleurs, il faut y aller. Or Carlos était très attaché à son pays, ça lui coûtait, de voyager. De fait, son autobiographie s’appelle en espagnol Sin mirar atrás (litt. « sans regarder derrière », ndlt.), car cela a été dur, pour lui, de quitter Cuba.
Critiques :
[…] la réalisation d’Iciar Bollain est efficace, sérieuse et assez habile dans la gestion des trois périodes importantes de la vie du danseur étoile […]. Positif ( Hubert Niogret )
La danse fait avancer l’action à la manière d’une comédie musicale et apporter son authenticité au film, qui ne sombre jamais dans le pathos tout en racontant avec sensibilité la difficulté de vivre à Cuba, mais également loin de chez soi. Le journal du dimanche (Barbara Théate)
La réalisatrice espagnole Icíar Bollaín (Même la pluie) signe là un biopic qui reste dans les clous du genre et dont le scénario de son époux Paul Laverty (habituel collaborateur de Ken Loach) n’évite pas quelques poncifs. Il régalera néanmoins les amateurs de danse. Première ( Sophie Benamon)