Réalisé par Céline Sciamma
France, 2019, 2h02 mn
Fiche technique
Réalisation: Céline SCIAMMA
Scénario Céline SCIAMMA
Photographie Claire MATHON
Distribution
Noémie MERLANT → Marianne
Adèle HAENEL → Héloïse
Luàna BAJRAMI → Sophie
Carla GOLINO → la Comtesse
Christelle BARRAS → la faiseuse d’anges
Armande BOULANGER → l’élève peintre à l’atelier
Synopsis
1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
La Réalisatrice
Céline Sciamma suit une formation de scénariste à la Fémis. Elle utilise son scénario de fin d’études pour réaliser, en 2006 Naissances des pieuvres. Saluée par la critique, cette première œuvre est présentée dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2007 et récompensée du prix Louis-Delluc du premier long-métrage. Avec ce film, elle est également nommée pour le César du Meilleur Premier Film en 2008.
En 2010, elle écrit et réalise Tomboy. Le film fait l’ouverture du Panorama au Festival de Berlin et rencontre un succès critique et public avec plus de 300 000 entrées. Il sort dans plus de 30 pays.
Son troisième film, Bande de Filles, sort en 2014. Il est présenté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes.
Parallèlement à sa carrière de réalisatrice, elle écrit le scénario du film d’animation Ma Vie de Courgette ainsi que celui du film d’André Téchiné, Quand on a 17 ans.
En mars 2018, elle cofonde avec Rebecca Zlotowski le Collectif 50/50 qui a pour but de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.
En 2019, elle reçoit le Prix du Scénario au Festival de Cannes pour Portrait de la Jeune Fille en Feu. Nommé aux Césars l’année suivante, le film reçoit le César de la Meilleure Photographie.
Filmographie
2007 : Naissance des pieuvres
2011 : Tomboy
2014 : Bande de filles 2021 : Petite maman
Propos de la réalisatrice
Comment est né ce Portrait de la jeune fille en feu ?
J’ai retrouvé mes premières notes sur le projet. J’avais écrit qu’il y aurait l’océan, des femmes qui chantent, la Bretagne, Vivaldi.
J’avais en tête aussi une femme qui était dans un cadre et passait dans un autre. J’avais le titre. J’ai mis du temps, j’ai pris du temps pour trouver la forme qui donnerait corps à cette histoire d’amour. Je voulais parler aussi des femmes artistes et faire un film autour du dialogue amoureux et du dialogue de la création.
Pourquoi un film d’époque ?
J’aimais l’idée de faire un voyage dans l’histoire de l’art du point de vue féminin et mettre un focus sur une histoire peu racontée.
Celle des artistes femmes et même celle des femmes tout court. Les peintres faisaient carrière à la faveur notamment de la mode du portrait. Les revendications à accéder à plus d’égalité et de visibilité étaient déjà là. Ce n’est pas parce que les problématiques sont anciennes qu’elles n’ont pas leur actualité. Mais je n’ai pas abordé ce que nous appelons « un film en costumes » de manière différente par rapport à mes autres films plus contemporains.
Quelles recherches avez-vous faites sur le sujet ?
Je connaissais très peu de choses sur les femmes peintres ; j’ignorais qu’elles étaient si nombreuses. Je me suis beaucoup documenté.
Seules quelques stars ont échappé à l’effacement de l’histoire comme Elisabeth Vigée Le Brun, la peintre attitrée de Marie-Antoinette, qui a ôté les corsets des femmes dans les peintures. J’ai confronté mon travail aux recherches de Séverine Sofio qui a écrit Artistes femmes. La parenthèse enchantée, XVIIIe-XIXe siècles [éditions CNRS, coll. « Culture & société »].
Vous bousculez les rapports sociaux. L’aristocrate et la peintre se lient d’amitié avec une troisième femme, la servante. Pourquoi ?
Je voulais mettre en avant la sororité entre ces femmes, qui abolit de fait la hiérarchie sociale. Les personnages sortent des conventions. Mais cette servante, on ne la voit jamais servir des plats, porter des plateaux ; elle se dépare de son emploi. C’est la fiction qui met ces personnages à égalité. Dans une des scènes, je déplace même les attentes : la serveuse brode, donc se pose comme artiste, l’aristocrate cuisine et la peintre sert du vin.
Choisit-on différemment ses interprètes pour un film d’époque ?
Le rôle d’Héloïse est pensé pour Adèle Haenel. J’ai écrit le personnage en m’appuyant sur toutes les qualités dont elle a fait la solide démonstration ces dernières années. Mais il s’est aussi écrit avec l’ambition d’une partition neuve pour Adèle. Il y avait aussi l’envie d’une histoire d’amour avec de l’égalité. Dès le casting, avec Christel Baras nous étions soucieuses de cet équilibre. J’avais à cœur de créer un duo, un couple de cinéma. Le personnage de Marianne est de toutes les scènes, Noémie Merlant en est une interprète volontaire, courageuse, sentimentale. Un alliage de précision et de débordement qui a rendu passionnante l’invention du personnage.
Critiques
L’éclosion de l’amour entre deux femmes, une peintre et son modèle, en 1770. Le désir, la création, l’émancipation, filmés avec autant d’élégance que de lyrisme. Télérama
Avec une intelligence de chaque instant, Céline Sciamma interroge la nature de la passion amoureuse et la question du regard au cinéma. Elle livre une romance réflexive de prime abord, un geste de mise en scène et d’écriture formidablement abouti. Ecran large
La réalisation s’occupe ici de faire tressaillir les visages et de faire retentir et trembler les mots. Elle trouve les lumières (et le film confirme que Sciamma est une grande coloriste) et organise les mouvements des corps […] afin de traduire cinématographiquement le travail du portrait. Positif
Céline Sciamma signe là un mélo de la plus belle eau, à la fois ardent et apaisé. Une œuvre de la maturité comme on dit, sensible et ambitieuse, tendre et cruelle comme l’amour peut l’être. La septième obsession
Récompenses
Festival de Cannes 2019 : Prix du Scénario
Césars 2020 : César de la Meilleure Photographie pour Claire Mathon
Prix du Cinéma Européen : Meilleur scénariste pour Céline Sciamma
Prix Lumière de la Presse Internationale 2020 : Meilleure actrice pour Noémie Merlant
Meilleure Photographie pour Claire Mathon
Festival du Film de Cabourg 2020 : Swann d’or de la Révélation Féminine pour Luàna Bajrami