Hiroshima mon amour

hiroshima mon amourHIROSHIMA MON AMOUR 

D’Alain Resnais 1959 ( version restaurée en 2013) France / Japon  91 ‘

 Avec :Emmanuelle Riva,  Bernard Fresson,EijiOkada… Scénario : Marguerite Duras ; Musique : Georges Delerue/Sacha Vierny

Synopsis :

Une actrice française, présente à Hiroshima pour tourner un film sur la paix, vient de passer la nuit avec un Japonais rencontré la veille. Cette passion soudaine éveille en elle le souvenir traumatisant de la mort de son amant allemand à Nevers, à la Libération. La reconstitution progressive du souvenir, au fil de ses conversations avec le Japonais, lui fait prendre conscience que le présent répète le passé. Nevers et Hiroshima, l’Allemand et le Japonais, se confondent dans son esprit. Cette expérience douloureuse lui impose d’apprendre à accepter la perte et l’oubli. C’est à Hiroshima, ville détruite et reconstruite, marquée par les traces de la catastrophe, qu’elle parvient à assumer son passé et à s’en libérer.

La spécificité du cinéma d’Alain Resnais :

Hiroshima mon amour (1959), L’Année dernière à Marienbad(1961), Muriel ou Le Temps d’un retour (1963) : les trois premiers longs métrages de Resnais sont autant d’expériences fondatrices du cinéma moderne. Le cinéaste continue à se distinguer de la Nouvelle Vague et de la notion commune d’« auteur » en confiant l’écriture de ses scénarios à des écrivains renommés : Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Jean Cayrol. Serge Daney définit parfaitement la place de Resnais dans l’histoire du cinéma : « Au tournant des années 1960, Resnais a été mieux qu’un cinéaste : un sismographe. Il lui est arrivé cette chose terrible de capter l’événement fondateur de la modernité : qu’au cinéma comme ailleurs, il faudrait compter désor- mais avec un personnage de plus : l’espèce humaine. Or ce personnage venait d’être nié (les camps de concentration), atomisé (la bombe), diminué (la torture), et le ciné- ma traditionnel était bien incapable de « rendre » cela. Il fallait trouver une forme. Ce fut Resnais. »

La genèse du film et sa réception :ENÈSE

Début 1958, Anatole Dauman, patron d’Argos Films et producteur de Nuit et Brouillard, propose à Resnais de réaliser un documentaire sur la bombe atomique avec Chris Marker. Le film sera coproduit par une société japonaise et devra être tourné en partie au Japon. Resnais accepte, mais Marker se retire rapidement. Après avoir visionné plusieurs documentaires sur le sujet, Resnais est convain- cu de l’inutilité d’en réaliser un de plus. Il propose à la place une fiction sur les effets de la bombe. Il propose à Duras d’imaginer une histoire d’amour hantée par la bombe atomique. En deux mois et demi, elle écrit un livre intitulé Hiroshima mon amour.

Commence la seconde phase d’écriture : Resnais demande à Duras d’écrire toute l’histoire des personnages et des événements, ce qu’il appelle « la continuité souterraine » du film. Cette méthode, qu’il répétera avec tous ses collaborateurs, consiste à tout savoir des personnages, à enrichir le fragment d’existence représenté de l’expérience d’une vie entière. À partir du scénario et de la continuité souterraine, Resnais et Duras établissent la continuité dialoguée. Duras écrit seule, mais elle rencontre Resnais chaque jour pour lui soumettre son travail et recevoir les corrections et suggestions du cinéaste.

Le film est refusé à Cannes, les sélectionneurs craignant qu’il ne froisse les Américains. Projeté en marge du festival, il obtient le prix Fipresci, suivi de nom- breuses récompenses à travers le monde. Précédé d’une réputation scandaleuse, Hiroshima mon amour sort en France le 10 juin 1959. C’est un succès public, en France comme dans de nombreux pays étrangers, sauf au Japon.

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