de Kaouther Ben Hania (1 h 40 mn) Tunisie 2017
Fiche technique
Réalisation : Kaouther Ben Hania
Scénario : Kaouther Ben Hania, d’après le livre Coupable d’avoir été violée de Meriem BenMohamed
Photographie : Johan Holmquist
Montage : Nadia Ben Rachid
Musique : Amine Bouhafa
Son : Moez Cheikh, Raphaël Sohier, Florent Denizot, Thierry Delor
Costumes : Nedra Gribaa
Décors : Moncef Hakouna
Production : Habib Attia, Nadim Cheikhrouha
Distribution : Mariam Al Ferjani (Mariam) ; Ghanem Zrelli (Youssef) ; Noomane Hamda (Chedli) ; Mohamed Akkari (Lamjed) ; Chedly Arfaoui (Mounir) ; Anissa Daoud (Faiza) ; Mourad Gharsalli (Lassaad) ; Rym Ben Messaoud (la journaliste).
Synopsis
Lors d’une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité.
Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?
Réalisatrice
et aussi scénariste, monteuse et actrice, de nationalité tunisienne, âgée aujourd’hui de 47 ans. Elle fait des études de cinéma à la Sorbonne et à la Femis. Elle commence par le court métrage en 2004 puis passe au format long dès 2014. Ses documentaires et fictions ont remporté plusieurs prix et connu un succès certain à travers le monde.
Son film La Belle et la meute entame une prestigieuse carrière internationale en Sélection officielle au festival de Cannes 2017, dans la catégorie « Un Certain Regard ».
L’Homme qui a vendu sa peau, sélectionné à la Mostra de Venise 2020 (Prix du meilleur acteur) est nommé pour l’Oscar du meilleur film international en 2021.
Les Filles d’Olfa, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, est présenté en sélection officielle à Cannes en 2023, nommé aux Oscars 2024 et reçoit le César du meilleur film documentaire en 2024.
Filmographie
La Brèche court métrage 2004
Moi, ma sœur et la chose court métrage 2006
Les imams vont à l’école 2010
Peau de colle court métrage 2013
Le Challat de Tunis 2014
Zaineb n’aime pas la neige 2016
La Belle et la meute 2017
Les Pastèques du cheikh court-métrage 2018
L’Homme qui a vendu sa peau 2019
Les Filles d’Olfa 2023
Tu ne feras point d’images 2025
L’interview
« Le film est inspiré d’un fait divers qui est survenu en Tunisie en 2012 et qui a été très médiatisé. Il m’avait personnellement beaucoup touchée. Du coup, l’histoire est restée dans ma tête. Comme je viens du documentaire et que je sais que même en tant que documentariste, je suis amenée à reconstruire la réalité à travers ma façon de filmer et le montage, je me dis que la fiction laisse encore plus de libertés pour tout construire. »
« Je me suis posé la question de ce qui m’intéressait vraiment dans cette histoire…C’était le moment où Mariam essayait d’obtenir justice. Cette nuit-là m’intéressait et je me suis dit qu’elle était divisée en étapes, comme un compte à rebours. L’idée du chapitrage découle de là car Mariam écume des lieux différents, des institutions qu’elle va visiter… Je voulais donc que les spectateurs soient dans le moment présent et, pour cela, il n’y a pas mieux que le temps réel et le plan séquence, qui nous plongent dans le moment et nous collent au personnage pour le suivre dans son périple. Et cela me permettait également de travailler sur les ellipses. Car quand on a des fragments de temps réel, la question de ce qui se passe entre ces fragments se pose forcément. J’avais envie de construire un film dans lequel est également intégré ce qu’on ne voit pas. »
Critiques
Bande à part Un film à couper le souffle.
Télérama Thriller surprenant, La Belle et la meute est, avant tout, la chronique de la naissance d’une conscience politique.
Le Monde Dans cette course haletante contre une bureaucratie patriarcale, aussi partiale que corrompue, le film évoque autant un certain cinéma d’auteur roumain (La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu, 2005) qu’une sorte de survivor social aux accents horrifiques (les agresseurs sont susceptibles de surgir à chaque coin de rue). Le dialogue insiste même sur ce dernier point, en comparant la société tunisienne à un film de zombies.
Culture au poing Certes l’empathie vis-à-vis de l’héroïne et le processus d’identification ne disparaissent jamais, mais brusquement, l’emprise du cliché fait décrocher le spectateur dans ce passage de l’authenticité au procédé maladroit. Là où dans Victoria, Sebastian Schipper réussissait si bien à ce que son dispositif serve le propos avec la gageure d’un unique plan-séquence, Kaouther Ben Hania échoue à le tenir sur toute la longueur.
Franceinfo Culture Sociétal et politique, [ce film] peut également se voir comme un véritable thriller dont on ressort passablement chamboulé. Maîtrisé et percutant.
Sud- Ouest Cette façon de se reconstruire sous l’œil de la caméra et des ses propres bourreaux donne au récit sa dimension universelle. La Belle et la meute ou comment une jeune fille perd son innocence et fait l’apprentissage du réel.