de Michel Leclerc (1h49) 2023 France

Documentaire 

C’est l’histoire d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et qui en a eu des centaines.

C’est l’histoire d’intellectuels, anarchistes, pacifistes, syndicalistes et féministes.

C’est l’histoire d’un couple de résistants qu’on a pris pour des collabos.

C’est l’histoire de la maison d’enfants de Sèvres, une expérience unique de liberté, de pédagogie et d’ouverture au monde. Et puis c’est aussi l’ histoire, de la  mère du réalisateur, sauvée par ce couple, qui a passé dans cette maison toute son enfance.

Le Réalisateur :

Après avoir réalisé plusieurs courts métrages et le long métrage J’invente rien en 2006, Michel Leclerc tourne Le Nom des gens (2010), avec Sara Forestier , puis Télé Gaucho (2012) il écrit des scénarios pour Carine Tardieu et Sarah Kasmi Il réalise également La Vie très privée de Monsieur Sim (2015), avec  Jean-Pierre Bacri., La Lutte des classes (2018), est sa dernière fiction à ce jour, actuellement il prépare son prochain film, Musicale Comédie. À noter la plupart de ses films sont coréalisés avec Baya Kasmi sa compagne. Il est aussi auteur, compositeur, interprète.

Critiques :

Hommage poignant à Roger et Yvonne Hagnauer, ce documentaire restitue avec malice l’effervescence de la maison d’enfants et revient sur la manière dont le couple a appliqué la pédagogie de l’« école nouvelle », visant à éveiller chez l’enfant créativité et sens de l’observation.

Composé de témoignages d’anciens pensionnaires, d’archives et de séquences animées, le film imagine le trajet sinueux de la mère du cinéaste jusqu’aux portes de ce lieu salvateur. S’il raconte surtout avec force détails comment ces enfants traumatisés ont été ramenés à la vie, le film pose aussi, en creux, une série de questionnements psychanalytiques : à quel point nos origines nous forgent-elles ? doit-on trimballer l’histoire de nos parents ou s’en affranchir ? Le film prend alors une ampleur vertigineuse. Joséphine Leroy

« Pingouin et Goéland et leurs 500 petits » séduit également pour sa forme hybride, particulièrement pour ses très beaux passages animés créés par Sébastien Laudenbach (le réalisateur de « La Jeune Fille sans mains« …le film brille pour son authenticité, sa tendresse, sa sincérité, son honnêteté (dont une critique des infâmes accusations de collaborationnisme jadis adressées à l’égard du couple Hagnauer), et il est doté entre autres d’une explicite apologie de l’ouverture aux autres plutôt qu’un repli vers la victimisation ou vers des affirmations identitaires sclérosantes. Raphaël Jullien

L’interview du réalisateur :

Comment reliez-vous ce film à vos films précédents ?

 Il y a des liens évidents comme avec Le Nom des gens, dans lequel je parle du silence autour de l’enfance de ma mère, et dans lequel j’évoque directement Pingouin et Goéland (on peut y entendre que ma mère “doit tout à ce couple, même la joie”). Plus largement, je pense qu’il y a des thèmes communs à tous mes films qui prennent leur source dans cette histoire-là. L’engagement, bien sûr, le rapport au politique et la façon dont ce rapport nourrit la vie intime, la fidélité à soi-même ou l’infidélité à soi-même (le thème central de La Lutte des Classes). L’identité qu’on se construit contre celle dont on hérite, la force du mélange, la force du groupe, la fraternité dans l’engagement (Télé Gaucho), mais aussi la peur panique d’être rejeté (La Vie très privée de Monsieur Sim)…

Terminons sur la forme du film, très hybride, avec plein de régimes d’images: archives, images contemporaines, vidéo, animation…

 C’est un film qui parle des enfants, et qui raisonne comme peut raisonner un enfant, en passant du coq à l’âne, d’une idée à une autre… Une logique ludique plutôt qu’universitaire. J’ai aimé construire ce film comme un puzzle, avec cette salade composée de supports dont la diversité fait écho à celle des époques évoquées.