de Yimou Zhang (1h35) 1991 Chine
Dans la Chine des années 20, un vieil homme, propriétaire d’une teinturerie, s’achète une femme pour que celle-ci lui donne un garçon ….
Le Réalisateur : Né en 1951 à Xi’an, dans la province de Shaanxi, Zhang tout jeune, envoyé aux travaux des champs durant la révolution culturelle (66-76) diplômé en 1982 de l’Académie du film de Pékin réouvert.
Il fait partie de la cinquième génération de cinéastes chinois, un groupe qui allait révolutionner le cinéma chinois. Son premier film ‘Le Sorgho rouge’ reçoit l’Ours d’or au Festival international du film de Berlin, suivront Ju Dou, Épouses et Concubines. Ces films n’étaient pas seulement captivants sur le plan visuel, avec leurs compositions méticuleuses, mais aussi sur le plan narratif. Ils plongent dans la dynamique complexe de la famille, des traditions et des contraintes sociétales, avec pour toile de fond la Chine rurale.
Enfin Vivre !, Grand prix du jury au festival de Cannes et Qiu Ju, une femme chinoise terminent une première partie de carrière souvent censurée, en butte avec le pouvoir chinois. Pourtant Il deviendra petit à petit un cinéaste officiel jusqu’à être le metteur en scène de la cérémonie des jeux Olympique à Pékin en 2008 et se consacrer à des films grands spectacles
Critiques :
JU DOU est un magnifique portrait de femme. Un thème qui n’a pas satisfait le Gouvernement chinois, puisque ce personnage de femme qui s’assume et se rebelle contre l’autorité suprême (le mari) a fait grincer bien des dents, et le film fut rapidement interdit. Ces réactions prouvent bien que le cinéma de Yimou, bien que formellement ancré dans le passé, brasse toujours des thèmes bien présents et, par conséquent, très dérangeants. Gong Li incarne donc encore une femme forte, cette fougue mêlée à son charme finissant de convaincre les plus sceptiques : après seulement trois ans de carrière, la belle Gong Li avait déjà tout d’une grande.
L’action a beau se situer dans un bled rural au début du vingtième siècle, l’œuvre porte la marque des événements de la place Tian’anmen et de la fin des illusions réformistes de Deng Xiaoping qu’ils symbolisèrent, à peine un an avant la sortie du film. Les désirs impossibles et les rêves brisés sont en effet au cœur de l’intrigue basée sur le roman Fuxi, fuxi de Liu Heng.
Alors que le gouvernement chinois vient de marquer un coup d’arrêt à la libéralisation politique du pays, Zhang Yimou et Yang Fengliang dénoncent la vilenie des âmes étroites, prêtes à tout dès qu’elles jouissent de la moindre parcelle de pouvoir, mais aussi l’injustice d’une tradition sclérosée. La fougueuse passion de Ju Dou et Tian-qing est condamnée par essence. En effet, dans la société chinoise traditionnelle, ces deux individus n’ont aucun droit, ne sont rien. Ils ont beau trimer et souffrir toute la journée, ils sont condamnés à n’exister qu’au service de ceux qui détiennent l’autorité, le plus souvent par héritage ou simple ascendant social ou générationnel – à une époque où la hiérarchie des âges est l’indiscutable code de loi familial Le magduciné
Si la « cinquième génération » a réinventé le cinéma chinois, c’est aussi en lui permettant d’accéder pour la première fois de son histoire à une reconnaissance mondiale instantanée, grâce à de nombreuses récompenses obtenues dans les grands festivals internationaux, et aux succès commerciaux de certains films à l’étranger.
Ces films s’inscrivent clairement dans un retour aux racines chinoises, avec des histoires rurales ancrées dans les traditions ancestrales, à l’opposé de l’idéologie communiste. Ils critiquent aussi bien la féodalité impériale que la Révolution culturelle.
Les débuts de la carrière de Zhang Yimou l’imposent d’emblée comme un esthète de l’image, de la couleur et du cadre. Son cinéma s’inspire de la calligraphie et de l’opéra chinois. […] Le moindre mouvement est chorégraphié.
Cette recherche de la beauté permanente et du symbolisme n’exclut pas la dimension émotionnelle d’un film comme Ju Dou, à la cruauté exacerbée.
Olivier Père Arte