States of Grace

States of GraceStates of grace

(2014) Etats Unis Destin Cretton (1 h 36)
Avec : Brie Larson, John Gallagher Jr, Kaitlyn Dever
Synopsis

Grace dirige de main de maître un foyer pour jeunes en difficulté. Avec tact, empathie et autorité, elle parvient à remettre sur pied des adolescents aux parcours compliqués. Jayden, une nouvelle, lui donne plus de fil à retordre.. ……

Destin Cretton est né et a grandi sur l’île de Maui, à Hawaï. Il a écrit et réalisé 4 courts-métrages, Son premier long métrage de fiction, I am not a hipster, a été très remarqué par la critique lors de sa présentation au Festival de Sundance en 2012. Destin a également réalisé deux longs métrages documentaires : Drakmar et remporté avec de nombreux prix.

Critiques :
Dans ce portrait de groupe, les pensionnaires trouvent leur vérité sans qu’il soit besoin de dramatiser leur passé et leur avenir. Loin du cinéma réaliste social, le film nous fait entrer dans un univers émotionnel où tout le monde est, quotidiennement, à fleur de peau Frédéric Strauss (Télérama)

Petit bijou sorti dans un flot de dithyrambes aux USA durant l’été 2013, Short of term 12 (titre original) retrouve toute la grâce et la délicatesse du cinéma indépendant américain des années 90, quelque part entre les univers profondément fascinants de Hal Hartley, de Victor Nunez (Ruby in Paradise)… Ces productions lunaires desquelles on ressortait les yeux rougis, profondément émus, amoureux des protagonistes, allaient être systématisés par le cinéma de Sundance dans les années 2000, avec beaucoup de talent (Little Miss Sunshine) et surtout beaucoup d’esbroufe (Juno).(Avoir à lire)

Pour son premier long, Destin Cretton adapte un court métrage qui s’inspire de sa propre histoire d’éducateur, un job d’étudiant qui l’a profondément changé dans son rapport aux jeunes et au monde qui s’ouvrait à lui. Le métier éminemment social a forgé son caractère et visiblement son talent. (Le Monde)

Dans la tendresse de States of Grace, il y a un peu du George Washington de David Gordon Green. C’est en tout cas le signal envoyé par une jolie séquence d’ouverture, où un môme en pleine crise s’attache une cape autour du cou et s’échappe à toutes jambes.
Via cette citation, Cretton recrée une vision d’enfance meurtrie mais triomphale, un instant solaire à valeur de symbole. Et si le portrait de groupe qui suit est remarquable, il est surtout couronné par l’éclatante Brie Larson, de quasi tous les plans, qui réussit avec ce rôle principal (le premier de sa carrière) un joli baptême du feu. (Inrock)

Grace est rodée à tout ça, elle ne sort pas de l’œuf, contrairement à Nate qui débarque pour son premier jour de stage avec la peur au ventre quand il réalise où il s’est fourré. Il ne s’attendait pas à ce quotidien explosif qui commence par une course-poursuite effrénée après un jeune, hurlant, que les éducateurs finiront par plaquer au sol pour le calmer. On en rigole après coup, on dédramatise, mais sur le moment on est moins fier, quand on ne sait pas comment réagir. Le ton est donné : rester zen, attentif, prêt à parer à tout imprévu… En tout cas, on ne s’ennuie jamais ! Constamment à observer, écouter, aiguiser ses réflexes. Et pour se ressourcer, réagir en équipe de manière cohérente : rien de tel que la solidarité, indispensable ! Là où il pensait arriver en adulte sauveur du monde pour sortir du marasme ces merdeux mal dégrossis, le petit nouveau va découvrir que ces derniers ont beaucoup à lui apprendre. Tous ont grandi vite et ont la cervelle bien affutée, la langue bien pendue, savent détecter les failles chez les autres et s’y engouffrer. Le jeu, le rire, les arts, la parole sont des armes puissantes pour aller débusquer les souffrances, désamorcer les crises. Nate va prendre la mesure de tout le savoir faire, le savoir être qu’il faut acquérir, en observant les autres éducateurs, et surtout Grace. Grace : étonnante de maîtrise, dont les moindres gestes, les moindres paroles, distillent une douce fermeté… Utopia

 ENTRETIEN

States of Grace parle de sujets sombres et pourtant le traitement est lumineux…
J’abhorre la facilité ; et, en ce sens, il aurait tellement été facile de prendre tout ce qu’il y avait de plus sombre dans un centre et de se complaire dans quelque chose de glauque, de pathétique, de tire-larmes, de racoleur… La violence n’est pas la réalité. Dans toutes les histoires que j’avais vécues en tant qu’éducateur, il y avait des moments tragiques mais aussi des moments de vie, légers et parfois même drôles. Je voulais rester fidèle à cette complexité et ne pas m’abîmer dans le manichéisme ou l’outrance. Si j’avais organisé ce film en alignant des scènes violentes, cela aurait étérébarbatif et surtout, cela n’aurait pas été authentique. Je voulais insuffler de la vie, instaurer des moments de relâchement. Les différents témoignages d’adolescents et d’éducateurs charriaient des émotions contradictoires. Certains étaient tellement tragiques qu’ils me donnaient envie de pleurer et, deux minutes plus tard, toujours sur la même histoire, je pleurais de rire. Il y avait autant d’espoir que de désespoir. Ces adolescents souffrent mais vous pouvez les voir communiquer, partager, aimer ; ils ne connaissent pas l’égoïsme, ils vont vers les autres. Bien sûr, comme partout, il y a des hauts et des bas, en termes d’émotion. Des hauts très hauts et des bas très bas. Ce n’est jamais tiède. Il y a beaucoup de larmes et d’éclats de rire. Je voulais qu’il y ait cette ambivalence dans States of Grace.

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