A most violent year

 a most violent yearA MOST VIOLENT YEAR 

(L’ANNEE DE TOUTES LES VIOLENCES)

De JC Chandor, USA, 2014, 2h05

Avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, David Oyelowo

Le film :

New York, 1981. L’année la plus violente qu’ait connue la ville. Le destin d’un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, à la violence galopante et à la dépravation de l’époque qui menacent de détruire tout ce que sa famille et lui ont construit.

 JC Chandor :

Né en 1973 dans le New Jersey où son père était banquier d’investissement. Diplômé du Collège de Wooster en 1992. Il réalise des publicités pendant 15 ans et réalise deux films : Margin Call et  All is lost. Le premier film a été nominé pour L’Ours d’or au 61ème Festival du Film de Berlin.  Le second a été projeté hors compétition en 2013 au Festival de Cannes.

 Margin Call (ou marge de manœuvre) est un film dramatique qui évoque sur une période de 36 heures le déclenchement de la crise financière de 2008, à travers la découverte inopinée par les employés d’une banque d’affaires new-yorkaise de l’aspect toxique de ses actifs qui la mettent en danger de mort. Qu’ils aient ou non des états d’âme, les personnages font le nécessaire pour se débarrasser de ces actifs, tout en ayant pleine conscience de la réaction en chaîne qu’ils vont provoquer.

All is lost (ou Seul en mer) est un film d’action avec un seul acteur (Robert Redford) et aucun dialogue. Il narre le naufrage d’un navigateur solitaire prise dans une furieuse tempête sur un vieux monocoque ; son naufrage va durer huit jours et il sera sauvé in extremis.

L’univers de JC Chandor :

Ses films ont toujours  une dimension qui les excède. En trois opus, il s’est imposé comme l’un des scénaristes les plus affutés du cinéma américain et porte un regard aigu sur la crise économique. Avec « A violent year » le réalisateur se retourne vers l’Amérique des années 80 où New York vit à l’heure de la corruption et de la déroute. Certains quittent la ville, de nouveaux venus continuent de croire que le rêve américain va les sauver. Le film raconte l’obstination de l’un d’entre eux, Abel Morales, un chicano qui veut rester intègre dans une société dépravée, dans une ville où les gratte-ciels symbolisent la réussite. Chaque scène ici a une valeur de métaphore sans peser pour autant sur la fluidité d’un récit dont on sent qu’il éponge la réalité dans ce qu’elle a de plus profond. La violence est ailleurs, souterraine, invisible, tapie dans les chefs d’accusation dont la société d’Abel se voit accablée par le juge. Et si ces années préfiguraient l’âpreté de notre époque et celle d’un rêve américain dont le slogan a été pulvérisé ?                       

La critique :

Tout est cinéma dans « A most violent year « . Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma :le manteau beige un peu voyant du héros qui ressemble à la dépouille de ses illusions, le souffle rauque d’un employé sur le point de commettre l’irréparable et la beauté de New York contemplée dans un éclairage doré et poisseux par Abel en route vers le succès …Le film est magistral. Excitant et indispensable. ( Pierre Murat )

Ce film précipite l’action au début des années 80 alors que l’Amérique refuse encore de voir les symptômes de sa propre  décadence et que chacun s’évertue à poursuivre obstinément le mirage d’un avenir opulent, quels que soient les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Or New York en ces années-là a des allures de décharge à ciel ouvert, régie par la corruption et une criminalité qui connait tous délits confondus, des altitudes inégalées. Une fois ce décor posé, le premier sentiment qui vient à l’esprit consiste à se préparer au spectacle mille fois mis en scène de l’ascension d’un personnage dans cette jungle hostile, répandant sur son passage coups de poings ou de flingues à quiconque s’interpose dans sa progression vers les sommets. Or, c’est très exactement le contraire : Abel est un jeune Rastignac issu  de cette immigration hispanique dont les apparitions au cinéma se sont le plus souvent matérialisées sous forme de dealer ou de proxénète. Ici , il dirige une entreprise de livraison de fuel, conséquence d’un mariage avec la fille du précédent propriétaire de l’entreprise. Abel se montre respectueux des institutions et résiste aux sollicitations formulées par son entourage. ( Bruno Icher)

Abel se veut exemplaire : c’est un libéral pur sucre, dévoré d’ambition et porteur d’une autre violence moderne et  impitoyable. Il incarne la puissance de l’argent qui  imposera ses propres lois .Mais en même temps il s’efforce d’être du côté du bien et veut conquérir sa part du rêve américain honnêtement et légalement. Ce film illustre le thème de l’homme droit contraint à tordre son éthique et rappelle le livre de Job ou les tragédies antiques . (Inrock )

JC Chandor a été marqué par les polars de Sydney Lumet. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi Oscar Isaac pour le rôle principal. Il possède l’énergie d’Abel, cette volonté de bâtir un empire et de contrôler son destin. Tout comme JC Chandor  qui se  lance des défis toujours plus importants : « L’an prochain, je tourne mon quatrième film. Il parlera de la plate-forme pétrolière de la compagnie BP qui a explosé et sombré dans le golfe du Mexique en 2010 . »                          ( Stéphanie Belpêche )

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