Petit paysan

Petit paysan

de Hubert Charuel – France -2017-  90 mn

Fiche technique :

Réalisation : Hubert Charuel

Scénario : Claude Le Pape et Hubert Charuel

Interprétation : Swann Arlaud : Pierre, Sara Giraudeau : Pascale, la sœur,

Isabelle Candelier : la mère, Jean-Paul Charuel : le père, Bouli Lanners : Jamy , l’éleveur belge.

Montage : Julie Léna, Lilian Corbeille, Grégoire Pontécaille

Musique : Myd

Synopsis :

Pierre, la trentaine est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’épidémie se déclarent en France, Pierre découvre qu’une de ses vaches est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches et ira jusqu’au bout pour les sauver.

Le réalisateur :

Né en 1985, Hubert Charuel est fils et petit-fils d’éleveurs de vaches laitières. Après avoir abandonné son projet d’études vétérinaires, il décide de prendre une autre voie : il obtient une licence  en arts du spectacle, intègre la Fémis et en sort diplômé en production en 2011 ;  Après plusieurs courts métrages, il réalise son premier long métrage en 2017, Petit Paysa

Son film a été sélectionné à la Semaine de la Critique en 2017 et a reçu trois Césars en 2018 : meilleur premier film, meilleur acteur et meilleure actrice dans un second rôle.

Interview du réalisateur :

Comment est née l’idée du film ?

– La crise de la vache folle m’a beaucoup marqué. Je me revois devant la télé, il y a un sujet sur la maladie, personne ne comprend ce qui se passe, on tue tous les animaux. Et ma mère dit : «  si ça arrive chez nous je me suicide ». J’ai dix ans et je me dis que ça peut arriver.

– Pierre, c’est vous ?

– Le personnage de Pierre est différent de moi dans ses réactions mais la vie de Pierre est évidemment celle que j’aurais dû avoir si je n’avais pas décidé de faire du cinéma. Son rapport aux animaux, sa relation avec ses parents nous rapprochent. Le film est tourné chez mes parents.

– Pourquoi tourner chez vos parents ?

– C’était une obligation. Faire le film c’est ma manière à moi de reprendre l’exploitation. Quand on a commencé à écrire, je n’y pensais pas parce que la ferme était toujours en activité. Mais après la retraite de mon père, ma mère est partie avec ses bêtes dans une autre exploitation . A partir du moment où on avait la ferme vide, je me suis dit : « c’est le décor que je connais le mieux ».

Critiques :

Petit Paysan est un premier film d’une trempe exceptionnelle, à la singularité captivante, aussi documenté qu’inventif, une chronique de la vie paysanne ordinaire tournée comme un film noir, boueversante d’authenticité et haletante d’un bout à l’autre.     Utopia

On est d’abord  frappé par la capacité du jeune réalisateur à convertir son matériau documentaire –  des difficultés économiques aux lois sanitaires, jusqu’à la question épineuse de la robotisation de la traite – en fiction passionnante. Mais en plus, son film échappe vite au naturalisme et  tourne au thriller existentiel.    Télérama, Guillemette Odicino

Charuel lorgne vers le cinéma de genre mais manque trop de souffle pour s’y engager franchement. C’est le problème  général du film, qui , en mêlant drame social et thriller psychologique, déçoit sur les deux tableaux, l’un affaiblissant l’autre plutôt que  de l’exalter.     Libération, Marcos Uzal

Hubert Charuel mêle à la fois le burlesque, le tragique, le suspense pur et une forme d’abstraction visuelle ( la nuit, le feu, le sang) que viennent contrebalancer, par un montage redoutablement efficace, les scènes  où Pierre est confronté au réel.    Critikat, Fabien Reyre

Charuel superpose adroitement trois registres. D’abord une tonalité quasi documentaire… Le deuxième registre du film est un polar tendu dont tous les enjeux de suspense reposent sur la dissimulation de la maladie des bêtes. La troisième couche du film est justement de nature hitchcockienne puis qu’elle a trait à la personnalité du héros et à la porosité entre bien et mal. Est-il raisonnable de braver la loi et de  prendre de grands risques sanitaires collectifs pour sauver sa principale raison de vivre ? Pierre est-il bon ou mauvais, coupable ou victime, obsessionnel sympathique ou irresponsable dangereux ?    Les Inrocks, Serge Kaganski

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