Faute d’amour

Faute d’amour

d’Andreï  Zviaguintsev

 

FICHE TECHNIQUE

Réalisateur : Andreï Zviaguintsev

Scénaristes: Oleg Neguine, Andreï Zviaguintsev

Directeur Photo: Mickhaïl Kritchman

Musique: Evgueni Galperine

Interprètes: Marianna Spivak, Alexeï Rozine, Matveï Novikov, Marina Vassilieva,  Andris Keiss

SYNOPSIS

Un jeune couple de la classe moyenne divorce. Chacun s’apprêt à refaire sa vie avec un nouveau conjoint. Mais leur fils Aliocha, garçon sensible d’une douzaine d’années est un obstacle à la réalisation de leur projet personnel.

BIOGRAPHIE

Né le 6 février 1964 à Novossibirsk, grande ville industrielle de la Sibérie, Andreï Zviaguintsev, 53 ans,quitte le lycée à seize ans avec l’intention de devenir acteur de théâtre. Il suit des cours d’abord dans sa ville natale puis, à partir de 1986, dans le prestigieux Institut d’État d’art théâtral de Moscou, le Gitis, dont il sort diplômé en 1990. Acteur de théâtre (dans Un mois à la campagne, de Tourgueniev), il interprète des rôles secondaires dans des séries télévisées.

C’est à la cinémathèque de Moscou qu’il découvre les grands cinéastes (Welles, Antonioni, Bresson, Visconti) et qu’il décide alors d’abandonner le théâtre pour se  consacrer au cinéma.

En 2000, il réalise pour une chaîne de télévision une série intitulée La Chambre noire, avant de s’orienter vers le cinéma d’auteur. Andreï Zviaguintsev est devenu en 5 longs-métrages le plus connu des réalisateurs russes de sa génération sans avoir de formation spécifique en cinéma. Le thème de l’enfance et de la famille est au coeur de son oeuvre; Chacun de ses films a été distingué par la critique.

FILMOGRAPHIE ET RÉCOMPENSES

  • Son premier long-métrage Le Retour est récompensé par le Lion d’or de la Mostra de Venise 2003.
  • Avec Le Bannissement au Festival de Cannes de 2007, son comédien Konstantin Lavronenko, déjà présent dans Le Retour, obtient le Prix d’interprétation masculine.
  • Elena est récompensé par le Prix spécial du jury de la section Un certain regard au Festival de Cannes en 2011
  • Leviathan reçoit le Prix du scénario au Festival de Cannes en 2014 ainsi que le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère en 2015
  • Au Festival de Cannes en 2017,Faute d’amour remporte le prix du jury puis en 2018 le César du meilleur film étranger
  • En 2015 Andreï Zviaguintsev est président du jury du 18e Festival international du film de Shanghai.
  • En janvier 2016, il est l’objet d’une rétrospective spéciale à l’occasion du festival de cinéma Premiers plans d’Angers.

PROPOS DU RÉALISATEUR

Un film sur le manque d’amour,c’est un film sur l’amour?

Il me semble que oui. L’amour sous toutes ses formes . En titrant sur l’absence d’amour, j’attire l’attention sur ce qui nous attend si nous vivons sans amour. Ce qui fait qu’en miroir ,c’est un encouragement à faire attention, à faire quelque chose dans sa vie pour ne pas se retrouver dans cette situation.

Beaucoup de spectateurs m’ont dit qu’ils n’avaient qu’une idée à la sortie de la projection-appeler à la maison,rentrer chez eux, embrasser leurs proches, leur enfant. Oui,bien sûr,c’est une exhortation à aimer.

Que s’est-il passé dans la société russe pour qu’aujourd’hui y prédominent égoïsme et individualisme?

Je pense que le saut abrupt dans le capitalisme a rendu les gens différents: « l’autre »est devenu un ennemi, un concurrent. Il n’est plus un partenaire, un ami, un camarade. Nous ne sommes plus égaux. Cette concurrence est plus aigüe en Russie qu’en Occident ,dans des pays tout aussi capitalistes. Je ne sais pas pourquoi nous sommes si différents de vous dans des contextes analogues.

CRITIQUES

Certains considéreront sûrement Zviaguintsev comme un donneur de leçons. Comme les Slaves savent l’être parfois: un Saint Just mâtiné de Tolstoï. De toute évidence, il est proche de Tchékov qui étudiait à la loupe mais avec indulgence, nos faiblesses. Avec tout de même, en lui, quelques gouttes d’un Dostoïevski furieux qui refuserait de capituler devant la bassesse et la corruption générales. D’accueillir, en Russie ou ailleurs, ce dieu destructeur et repoussant: Leviathan.   Pierre Murat  Télérama

Tout ici désigne le reflet vertigineux de sa propre image,l’écho redondant de ses propres paroles,le culte du moi amplifié jusqu’à l’abîme. En même temps,le film fourmille de notations, d’allusions qui éclairent la scène collective de cet effondrement de l’individu: le désengagement de l’état, le retour d’une morale autoritaire et dévoyée, l’indifférence suprême de la police, le règne de l’argent-roi. Depuis Le Retour, son premier long métrage en 2003,et plus encore depuis la mort en 2013 de l’immense Alexeï Guerman, Andreï Zviaguintsev est devenu la lumière et la conscience d’un cinéma russe qui semble se détourner, quant à lui de sa meilleure tradition.        Jacques Mandelbaum

Loveless (« Sans amour ») vient confirmer la lente descente d’Andreï Zviaguintsev vers un cinéma de la surenchère, formellement cadenassé, prisonnier d’une épaisse couche de glace impossible à briser. Désormais friand d’une symbolique surchargée et d’une succession de travellings avant oppressants, il semble avoir laissé s’envoler toute subtilité dans l’énième peinture d’une société piégée par son égocentrisme, réduite à néant par des adultes paraissant s’accrocher désespérément à un bateau qui n’en finit plus de prendre l’eau.    Céline Bourdin    Le Bleu du Miroir

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