La douleur

La douleur

         de  Emmanuel Finkiel – France – 2017- 2h06

 

Fiche technique :

Réalisation et scénario: Emmanuel Finkiel

Chef opérateur: Alexis Kavyrchine

Son : Antoine-Basile Mercier

Montage : Sylvie Lager

Distribution : Mélanie Thierry (Marguerite Duras, à l’époque Marguerite Antelme), Benoit Magimel (Pierre Rabier ), Emmanuel Bourdieu (Robert Antelme), Benjamin Biolay (Dionys Mascolo), Shulamit Adar (Madame Katz), Grégoire le Prince-Ringuet , (François Morland , François Mitterrand pendant la guerre).

 

Synopsis :

Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l’angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dionys La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris.

Interview du cinéaste :

Après  Voyage, votre premier film, la Douleur met de nouveau en scène l’histoire d’un retour de l’univers concentrationnaire. Comment percevez-vous ce retour de votre œuvre sur elle-même ?

–  E. Finkiel : J’avais lu la Douleur bien avant Voyages. Le récit m’avait bouleversé parce qu’il parlait de choses que je connaissais. Mon père était aussi une figure de l’homme qui attend. Ses parents et son frère avaient été déportés sans retour, et, pourtant toute sa vie, il les a attendus. On n’ attend donc pas les vraies personnes quand on attend des morts, on les réinvente, on les fantasme. Ce sentiment je peux en témoigner, se transmet aux générations suivantes .

Cette femme qui attend le retour de son mari des camps de concentration et alors que tout le monde revient, lui ne revient pas. Ce personnage fait écho à la figure de mon père….. Pour ces gens qui n’avaient pas de dépouille, l’absence était toujours présente. Et ce n’était pas une idée intellectuelle, c’était très concret. La présence de l’absence. De mon point de vue c’était ce que racontait la Douleur : être face à cette présence . Replié sur soi-même, un voyage intérieur.

– Vous creusez les contradictions et les paradoxes de cette femme.

E. Finkiel : je crois que la douleur telle qu’elle la décrit ne peut pas se raconter en deux phrases, mais une multitude, comme un tableau cubiste où la douleur est déclinée sous plusieurs aspects.

Critiques

En adaptant le texte de Marguerite Duras sur le retour de son mari déporté, le cinéaste relève un défi. Grâce à une mise en scène audacieuse, il restitue le style de l’auteure et l’émotion qui irrigue son récit… Emmanuel Finkiel parvient à restituer la violence des sentiments, mais aussi grâce à une mise en scène audacieuse, la distanciation propre à l’écriture durassienne. Sans jamais sacrifier à l’émotion.  Télérama

Comment ça se filme l’attente ? Et la ritournelle des pensées qui s ’emballent pendant l’attente, les mêmes phrases qui reviennent, la même scène imaginaire obsédante de retrouvailles assurément illusoires… Comment tient-on un film sur ce fil, celui de l’oscillation entre l’espoir le plus indestructible et la certitude qu’il faut en finir, cesser de croire que lui, Robert Antelme, le mari, reviendra un jour (d’où on ne sait pas encore). Libération

Le film réussit l’essentiel : honorer Marguerite Duras (la personne et l’écrivaine) sans excès hagiographique tout en ouvrant son œuvre à un public qui ne la connait pas. Superbe. Forcément superbe.    Les Inrockuptibles

 Mélanie Thierry est d’une justesse parfaite dans le rôle. Cinéma d’auteur, cinéma intelligent avec de brèves bouffées d’intense émotion. Bref un film qu’on adore.   Nouvel Obs

 Avec une audace qu’on attendait pas, Finkiel mélange des genres, à priori peu compatibles, qui vont du thriller historique à la chronique existentielle et s’aventure parfois dans un pur kaléidoscope mental d’une épatante richesse formelle. La Douleur devient ainsi une proposition de mise en scène d’une grande intelligence, toujours imprévisible dans ses soubresauts. Sans doute une des adaptations de Duras les plus intelligentes et formellement abouties dont les décharges émotionnelles dévastent régulièrement le spectateur.            Ecran Large

 

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