Avril et le monde truqué

Avril et le monde truquéAvril et le monde truqué

(2015)  France de  Franck Ekinci et Christian Desmares
D’après l’œuvre de Jacques Tardi Avec les voix de  Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort, Bouli Lanners, Olivier Gourmet.

 Synopsis :

En 1941, la société française vit toujours au rythme du XIXe siècle ; elle est restée au stade de la vapeur, suite à la disparition inexplicable des principaux scientifiques ; le paysage parisien s’en trouve modifié en conséquence. Deux adolescents, Avril et Julius, tentent de démêler le mystère de la disparition des savants.

Jacques Tardi :

Etudiant à l’école des beaux-arts de Lyon, puis aux Arts décoratifs de Paris, Jacques Tardi fait ses débuts en 1969 dans l’hebdomadairePilote. En 1972 paraît sa première longue histoire, Rumeurs sur le Rouergue  En 1976 il entame le cycle des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, dont le succès ne se fait pas attendre. Après le  neuvième album de cette série populaire, le film deLuc Besson adaptant les quatre premiers tomes sort au cinéma en 2010.
Parallèlement, Tardi adapte le Paris de Léo Malet, celui des aventures de Nestor Burma, et réalise d’autres adaptations qui sont autant de succès (Le der des ders de Daeninckx, Le cri du peuple de Vautrin, etc).

Critiques:

N’hésitant pas à nous évoquer un avenir peu reluisant – on pense à Steamboy ou à Wall-e avec son futur pollué où les humains ont organisé leur propre dépendance à quelque chose qui leur fait du mal- le film est dynamique, voir virevoltant. Il faut voir ce Paris enfumé et charbonneux, ce déluge de machines à vapeur et surtout ces méchants dont on ne révèlera pas l’identité… Avril évolue dans un univers où exercer sa science est une honte. C’est une solitaire, fauchée et désespérée dont le courage est la seule arme. Vous l’aurez sans doute compris : le film n’a pas pour ambition de vous compter fleurette. C’est tant mieux. Cette liberté permet aux auteurs de déployer un véritable récit d’aventure aussi ambitieux que généreux. Il offre des scènes d’action splendides garnies de punchlines à l’ancienne. (Studio canal)

Voici l’un des meilleurs dessins animés français, option fantastico-romanesque. Cette fantaisie rétrofuturiste, uchronique ou steampunk, qui tutoie les sommets d’exubérance et de prolifération mécanique d’œuvres nipponnes telles que Steamboy (Katsuhiro Otomo), Le Château ambulant (Hayao Miyazaki), ou même le complexe Paprika (Satoshi Kon).Si elle ne s’inspire pas directement d’un de ses albums (contrairement à l’Adèle Blanc-Sec en images réelles de Luc Besson), elle a été impulsée par Tardi, qui en a imaginé les prémices avec un de ses scénaristes, Benjamin Legrand, puis a supervisé la réalisation due à Franck Ekinci et Christian Desmares. Ce dernier, plus spécifiquement chargé de l’animation, a fait sien le trait du dessinateur et phagocyté avec aisance son univers. ( Inrock)

« Il y a un message écologique qui n’était pas prévu au départ mais qui est simplement la conséquence de l’univers que nous avons créé », souligne Benjamin Legrand qui dit avoir voulu faire du « sur mesure » pour Jacques Tardi. Le père de Adèle Blanc-Sec est surtout intervenu au début du  projet, en réalisant des esquisses des personnages, de leurs costumes, en travaillant leurs attitudes ou leur manière de se déplacer. « Je n’ai absolument pas été trahi. Avril est une sorte d’Adèle Blanc-Sec, le policier idiot est un peu l’inspecteur Caponi – autre personnage récurrent de sa BD – et les décors de Paris au début du siècle sont fidèles à mon univers », explique le dessinateur à l’AFP. Les machineries, engrenages et autres technologies « rétro-futuristes », dessinés avec un extrême souci du détail, rappellent aussi « Le démon des glaces », album de Tardi sorti en 1974. On notera au passage la trouvaille d’un téléphérique reliant Paris à Berlin et dont la gare se situe entre deux Tour Eiffel jumelles. « On a beaucoup été inspirés par Jules Verne et le catalogue de la Manufacture de Saint-Étienne », souligne le dessinateur.
Face au cinéma d’animation français à gros budget (majoritairement des coproductions internationales, comme ici), nos attentes ont été si souvent revues à la baisse qu’on ne peut nier la réussite relative d’Avril et le monde truqué. Le film de Franck Ekinci et Christian Desmares parvient à faire exister au moins deux choses que trop de congénères tendent à négliger : son cadre et son intrigue. On a pu constater comme ce type de production bascule trop facilement dans la promotion de ses techniciens, graphistes, plasticiens et autres « créateurs d’univers visuel » au détriment de tout autre aspect du récit cinématographique – où même du matériau scénaristique à peu près convaincant peut s’avérer impuissant à insuffler une âme à des produits conçus essentiellement comme des bande-démos. Ici, en revanche, la plus-value visuelle (le trait de Tardi, la composition détaillée de tableaux steampunk∗ d’un monde de vapeur, de mécanique et de suie, une économie de mouvements de cadre) ne s’avance pas en argument publicitaire, mais participe plus humblement à l’incarnation d’un univers assez vivant et concret pour que l’esprit puisse s’y projeter. Le film laisse ainsi balader notre imagination dans une fantasy foisonnante, conciliant évocation d’une France de carte postale détournée et aventures au-delà des frontières de l’humanité ( critikat)
∗Steampunk genre qui joue sur les anachronismes

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