Razzia
de Nabil AYOUCH
France – 2017 – 1h59
Fiche technique :
Réalisation : Nabil AYOUCH
Scénario : Nabil AYOUCH et Maryam TOUZANI
Production:Bruno NAHON
Coproduction:Nabil AYOUCH et Patrick QUINET
Photographie : Virginie SURDEJ
Montage : Sophie REINE
Son : Fred DEMOLDER
Musique originale : Caroline CHASPOUL, Eduardo HENRIQUEZ, Guillaume PONCELET
Production : Unité de Production (France), Les Films du Nouveau Monde (France), Artemis Production (Belgique), Ali N’ Productions (Maroc).
Distribution : Ad Vitam
Interprétation : Maryam Touzani (Salima), Arieh Worthalter (Joe), Abdelilah Rachid (Hakim), Dounia Binebine (Inès), Amine Ennaji (Abdellah), Abdellah Didane (Ilyas adulte), Nezha Tebbaai (Yto âgée), Saâdia Ladib (Yto jeune)…
Synopsis :
A Casablanca, entre le passé et le présent cinq destinées sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte…
Le réalisateur :
Nabil Ayouch est né en 1969 à Paris, d’un père marocain et d’une mère tunisienne.
Il a réalisé son premier long-métrage en 1997 : Mektoub, lequel, comme le suivant Ali Zaoua (2000), a représenté le Maroc aux Oscars. Suivront Une minute de soleil en moins (2003), Whatever Lola wants (2008), My Land (2011), un documentaire, et Les cheveaux de Dieu (2012).
En 2015, Much Loved est sélectionné à Cannes et remporte plusieurs prix. Le film est interdit au Maroc, mais sort dans une vingtaine de pays, dont la France, et récolte 12 prix internationaux. Ce long-métrage, traitant de la prostitution à Marrakech, lui vaut, ainsi qu’à son actrice principale Loubna Abidar, des menaces de mort.
Parallèlement à sa carrière cinématographique, Nabil Ayouch est très actif dans le monde du cinéma : il est en effet membre de l’Académie des Oscars, fait partie du board fondateur de l’Arab Film Academy. En 1999, il a créé Ali N’ Productions, société avec laquelle il aide de jeunes réalisateurs à se lancer. En 2006, il a lancé le programme Meda Film Development, avec le soutien de l’Union Européenne et de la Fondation du Festival International du Film de Marrakech, une structure d’accompagnement de producteurs et scénaristes des dix pays de la rive Sud de la Méditerrannée. Il a par ailleurs fondé le GARP : groupement des auteurs, réalisateurs, producteurs, ainsi que la « coalition marocaine pour la diversité culturelle » en 2002 et 2003.
Enfin, son engagement est également citoyen : début 2014, il ouvre un Centre Culturel destiné aux jeunes dans le quartier périphérique de Sidi Moumen, dont sont issus les kamikazes du 16 mai 2003. A ce jour, près de 400 enfants et adolescents y sont inscrits pour s’y initier aux pratiques artistiques.
Maryam Touzani : Maryam Touzani est née en 1980 à Tanger, au Maroc. Elle a d’abord été journaliste avant de devenir scénariste et réalisatrice. En 2014, elle réalise notamment un documentaire sur la prostitution au Maroc, qui sera à l’origine du film Much Loved, sorti en 2015, et dont elle co-écrit le scénario avec son époux, Nabil Ayouch. Elle participe également au scénario de Razzia, pour lequel elle passe en outre devant la caméra, interprétant le rôle de Salima.
Propos du réalisateur :
« C’est un momentum… quelque chose que je devais saisir… parce que le pays est en train de changer à vitesse grand V, je le sens tous les jours, et j’ai envie d’être là… je fais des films qui sont témoins d’une époque.
J’avais la volonté de montrer que les espaces sont grands, beaux, accessibles, mais en même temps il y a cette sensation d’étouffement qui vient fermer les portes (…) j’ai voulu jouer sur ces dichotomies entre espace fermé et espace public, c’est cela qui cisèle le film.
Certains combats qu’ auraient pu et du mener les femmes, en matière de droits civiques et de libertés individuelles, n’ont pas été menés. Car la femme peut aussi être la pire ennemie de la femme (…) Et c’est pour cela que c’est très important d’avoir des exemples de femmes qui mènent ces combats au grand jour, comme Salima dans le film. Je pense que le film est un film d’espoir, parce qu’il montre des combats, des personnages qui sont beaux par leurs aspirations, leurs rêves. »
Critiques :
« Nabil Ayouch embrasse les tensions et les interrogations marocaines avec un mélange de frontalité et de dignité qui force le respect (…) Razzia est une fresque aux ambitions romanesques impressionnantes, il n’en oublie pas moins de nous proposer un récit organique. Il prend ainsi garde, malgré une structure complexe et sacrément bien huilée, à laisser la narration respirer. Conscient du mouvement parfois presque épique qui le traverse, le film se permet des digressions, des allers-retours, pour se pencher sur les personnages secondaires » Simon Riaux, Ecran Large
« Razzia brosse entre deux époques significatives l’inflexion à la fois nationaliste et religieuse que l’Etat donne à sa politique. Razzia est, en un mot, l’histoire d’un considérable rétrécissement des libertés et des consciences. Construit entre deux dates, le récit aménage des réminiscences narratives qui mènent de l’une à l’autre, mais reste fondamentalement un film choral, qui dresse le portrait de cinq personnages isolés illustrant, à des titres divers, l’ostracisation à l oeuvre dans la société marocaine » Jacques Mandelbaum, Le Monde.
« L’ambition formelle de Razzia révèle cruellement tous les défauts qui frémissaient dans l’oeuvre de Nabil Ayouch. Le film cherche constamment à se persuader de sa propre ampleur sans jamais parvenir à faire vibrer ensemble l’imposante construction scénaristique et une mise en scène tout en effets de manche, jusqu’à devenir indigeste (…) La main lourde du réalisateur se ressent également dans la galerie de personnages qui se croisent de scènes en scènes. S’il rêve de pouvoir rassembler de façon virtuose l’ensemble des minorités opprimées de son pays, le réalisateur ne parvient jamais à dépasser le catalogue de stéréotypes (…) Le risque du simplisme de Razzia est de le voir déborder de son cadre fictionnel pour venir discréditer l’engagement politique qui le sous-tend. » Thomas Choury, Critikat