Transit

Transit

De Christian Petzold   Allemagne – France – 2018 (1h 41min)

 

Avec Jean-Pierre Darroussin, Franz Rogowski, Paula Beer

Fiche technique :

Réalisation : Christian Petzold

Scénario : Christian Petzold   d’après l’œuvre d’Anna Seghers

Production : Florian Koerner von Gustorf – Mickael Weber

Musique : Stefan Will

Photographie : Hans Fromm

Montage : Bettina Böhler

Son : Dominik Schleier – Christian Conrad

Synopsis :

De nos jours, à Marseille, des réfugiés fuyant les forces d’occupation fascistes rêvent d’embarquer pour l’Amérique. Parmi eux, l’Allemand Georg prend l’identité de l’écrivain Weidel, qui s’est suicidé pour échapper à ses persécuteurs. Il profite de son visa pour tenter de rejoindre le Mexique. Tout change lorsque Georg tombe amoureux de la mystérieuse Marie, en quête désespérée de l’homme qu’elle aime, et sans lequel elle ne partira pas…

Le réalisateur :

Christian Petzold est né en 1960 à Hilden en Allemagne. Il fait son service civil dans un ciné-club de Rhénanie puis part à Berlin finir des études de lettres et de théâtre. Il passe ensuite par l’Académie de cinéma et de télévision de Berlin et devient assistant à la réalisation.

De 1987 à 1993, Petzold réalise des courts métrages, téléfilms et documentaires pour les chaines de télévision ZDF et Arte. Il dirige son premier film, Contrôle d’identité, en 2000 qui traite de la vie d’un couple de terroristes d’extrême gauche. Ce premier film lui confère une certaine reconnaissance.

Viendront ensuite les films suivants :

  • WOLFSBURG (2003 Prix de la Critique Internationale au Panorama de la Berlinale, Prix Grimme),
  • GESPENSTER (2005, en compétition à la Berlinale, Prix de la Critique de Cinéma Allemande),
  • YELLA (2007, Ours d’Argent à la Berlinale et Prix du Cinéma Allemand pour Nina Hoss),
  • JERICHOW (2008, en compétition à Venise, Prix de la Critique de Cinéma Allemande),
  • DREILEBEN (2011, Prix Grimme et Prix de la Télévision Allemande).
  • BARBARA (2012, Ours d’argent pour la Meilleure Réalisation à la Berlinale, Prix du Cinéma Allemand (Médaille d’Argent) et une nomination au Prix du Cinéma Européen)
  • PHOENIX (2014, Prix de la Fipresci à San-Sebastián, des Prix de la réalisation à Lisbonne et Hong-Kong, le Prix du Cinéma Allemand pour Nina Kunzendorf dans la catégorie « meilleur second rôle » et le prix de la meilleure actrice au Seatlle Film Festival)

Propos du réalisateur :

« Il y a une phrase très belle dans l’autobiographie de Georg K. Glaser : « Soudain, à la fin de ma fuite, je me retrouvai au milieu de ce que j’appelai une accalmie de l’histoire ». Georg K. Glaser était un communiste allemand qui s’était réfugié en France, puis en zone non-occupée, à l’époque où se déroule le roman TRANSIT d’Anna Seghers.

Une accalmie de l’histoire, c’est comme une accalmie des vents, le bateau ne reçoit plus la moindre brise, il est entouré de l’immensité et du néant de la mer. Les passagers sont tombés hors de l’histoire, hors de la vie. Ils sont coincés dans l’espace, dans le temps.

Les personnages de TRANSIT sont coincés à Marseille, ils attendent des bateaux, des visas, des transits. Ils tentent de fuir. Pour eux, il n’y aura pas de retour possible. Et pas d’issue. Personne ne veut les accueillir, personne ne veut s’occuper d’eux, personne ne s’aperçoit de leur présence, hormis les policiers, les collaborateurs et les caméras de surveillance. Ils sont en passe de devenir des fantômes, entre la vie et la mort, entre le passé et le présent. Le présent passe à côté d’eux et ne leur accorde aucune attention.

Le cinéma aime les fantômes, peut-être parce qu’il est lui-même un espace de transit, un royaume intermédiaire. Nous, les spectateurs, sommes à la fois présents et absents.

Les personnages de TRANSIT veulent rejoindre le courant, la brise, le mouvement. Ils veulent avoir une histoire. Ils trouvent un roman inachevé qu’un écrivain a laissé derrière lui. Le fragment d’un récit. Un récit de fuite, d’amour, de culpabilité et de loyauté.

TRANSIT raconte comment ces personnages s’approprient ce récit. »

Critiques :

Transit se présente comme un nouveau film d’une grande cohérence avec le reste de la filmographie de Christian Petzold, en même temps qu’il laisse entrevoir un possible tournant dans son œuvre : les fantômes de l’histoire ont rarement été aussi vivants. Critikat

Et encore : Transit, d’Anna Seghers, est aussi un roman sur la langue, langue allemande dévoyée par les nazis, et pourtant seule patrie de ces exclus. Difficile à dire en images. Petzold l’a su. L’Humanité

Rompre avec une part de sa patrie et de sa langue, avec ceux qu’on aime, réson­ne, bien sûr, avec l’actualité brûlan­te des migrants. Mais le cinéaste dépasse le cons­tat en laissant filtrer une possible renaissance, une réinvention de soi. Télérama

Le temps semble ici dilaté par le soleil méditerranéen. Surtout, l’idée d’avoir filmé dans des décors actuels des scènes de l’Occupation allemande confère au film un caractère étrange, proche des films d’anticipation, assez déconcertant, très littéraire et original. Le Parisien

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