Lara Jenkins
de Jan-Ole Gerster
Allemagne 2020 (1h38 min)
Fiche technique
Réalisation : Jan-Ole Gerster – Scénario : Blaz Kutin – Musique : Arash Safaian Avec : Corinna Harfouch (Lara Jenkins) – Tom Schilling (Viktor) – André Jung (Mr Czerny) – Volkmar Kleinert ( Prof. Reinhoffer) – Rainer Bock (Paul). Distribution : KMBO
Synopsis
Aujourd’hui est un jour important pour Lara Jenkins : elle a 60 ans et c’est le premier concert de piano donné par son fils Viktor. Elle le soutient depuis ses débuts et se considère comme déterminante dans son succès. Mais Viktor est injoignable depuis des semaines et Lara semble ne pas être conviée à l’événement, contrairement à son ex – mari et sa nouvelle compagne. La journée va alors prendre un tour inattendu.
Le réalisateur
Jan-Ole Gerster, né en 1978 à Hagen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est un scénariste, acteur et réalisateur allemand. En 2000 à Berlin, où il fait un stage à la société de production X Filme, il est impliqué en tant qu’assistant personnel de Wolfgang Becker dans le film Good Bye, Lenin! .Il commence ses études dans les domaines de l’écriture et de la réalisation en 2003 à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin. Au cours de ses études, il réalise plusieurs courts métrages et coécrit avec Wolfgang Becker le script de l’épisode Krankes Haus pour le film collectif Deutschland 09.En 2010, il commence à travailler sur son film de clôture, la comédie dramatique Oh Boy avec Tom Schilling dans le rôle principal. Il remporte en 2012 au Filmfest München le prix du meilleur scénario du nouveau cinéma allemand.
Filmographie:
2004 : Der Schmerz geht, der Film bleibt (documentaire, réalisateur)
2006 : Ein Freund von mir (acteur)
2012 : Oh Boy (réalisateur et scénariste)
2019 : Lara Jenkins (réalisateur)
Récompense
Festival international du film de Karlovy Vary 2019 : Prix spécial du jury pour Lara Jenkins
Entretien avec le réalisateur
C’est vrai que j’aime cette façon de raconter une vie en une seule journée. Comment une grande histoire s’écrit à travers de petits faits – et c’est le cas du destin de Lara. La vérité d’une vie se révèle « en passant » (en français dans le texte). J’appréciais la douceur et la subtilité de ce scénario, le fait qu’il n’impose aucune interprétation, qu’il reste très ambigu sur les personnages et les situations – c’est ce qui en fait un bon scénario. Un regard sans pathos sur la comédie humaine, ainsi qu’un humour assez subtil.
Je crois que tout problème non résolu à l’intérieur d’une famille est transmis aux générations qui suivent. Jusqu’à ce que quelqu’un s’empare du problème et le règle. C’est ce que dit le film : si vous ne parvenez pas à triompher de vos propres traumas, vous les imposerez à vos enfants. Et dans ce domaine, l’Allemagne est sans doute un cas un peu spécial : nous avons une relation particulière avec les générations qui nous précèdent, ou disons que leurs blessures ont un statut très spécial, lié à un fort sentiment de culpabilité.
La critique
La grande classe du film est de parvenir, en moins d’un tour de cadran, à résumer toute une existence passée à côté de l’essentiel, ses frustrations, ses déchéances sans pour autant condamner qui que ce soit. Bien au contraire, peut-être les premiers jalons sont-ils posés d’une prise de conscience douloureuse mais salutaire. Peut-être existe-t-il une lumière au bout du tunnel. ( Utopia )
En s’emparant de cette relation pernicieuse entre un fils et sa mère, Jan-Ole Gerster tisse une fable touchante et monstrueuse autour d’une vie vécue par procuration, entremêlée d’une habile réflexion sur la difficulté à se libérer de ses maîtres, ceux qui s’imposent à nous, comme ceux que nous nous choisissons, par peur d’affronter notre liberté. ( Critikat)
Lara Jenkins ne serait rien sans la présence incroyable de son actrice principale, grande dame du théâtre, ayant joué Ingmar Bergman sur les planches. Elle est en effet une sublime réplique aux plus grandes comédiennes ayant traversé l’univers du cinéaste suédois. Ce n’est pas la moindre qualité de ce beau film âpre et intelligent qui se laisse difficilement apprivoiser. ( Emmanuel Le Gagne)