La Llorona
de Jayro Bustamante – Guatemala – France – 2019 – 1h37
Fiche technique :
Réalisateur : Jayro Bustamente
Scénaristes : Jayro Bustamente, Lisandro Sanchez
Image : Nicolas Wong Diaz
Directeur artistique : Sebastian Munoz
Montage : Gustavo Matheu, Jayro Bustamente
Musique : Pascual Reyes
Distribution : ARP Sélection
Interprètes :
Maria Mercedes Coroy : Alma/ La Llorona
Margarita Kenefic : Carmen
Sabrina de la Hoz : Natalia
Julio Diaz : le général Monteverde
Maria Telon : Valeriana
Synopsis :
Le général Monteverde, responsable de massacres mais acquitté, regagne la maison familiale avec les siens. Il est bientôt hanté par des pleurs féminins. Devient-il fou ? Ou serait-il victime de la Llorona, qui, selon la légende, serait une pleureuse qui cherche ses enfants, venant alors punir celui que la justice des hommes a épargné ?
Le réalisateur :
Né en 1977 au Guatemala, Jayro Bustamente a étudié la communication dans son pays, puis a intégré le Conservatoire Libre du Cinéma Français ainsi que le Centre Expérimental de Cinématographie, à Rome.
Son premier long métrage, Ixcanul, est présenté en compétition à la Berlinale 2015 . Il y remporte le prix Alfred-Bauer qui récompense les films ouvrant de nouvelles perspectives ou offrant une vision esthétique novatrice et singulière.
En 2017, son film Tremblements est primé sur scénario dans le cadre de l’Aide à la Création de la Fondation Gan pour le Cinéma.
Sorti en 2019, La Llorona est présenté au Festival Biarritz Amérique latine où il reçoit le prix du public, ainsi qu’au Festival international du nouveau cinéma latino-américain de La Havane 2019 , où il remporte le prix spécial du jury et prix du meilleur son. Enfin, aux Golden Globes 2021 , il obtient le prix du Meilleur film en langue étrangère
Propos du réalisateur :
« Je voulais parler de cette caste qui pense que parler du passé est une perte de temps, et qu’il faut aller de l’avant. Au Guatemala, la population a peur de Dieu et des militaires(…) on préfère penser que les militaires ont sauvé le pays. Des années de procès ont été jetés à la poubelle en une semaine par les pouvoirs de quelques grandes familles et de l’armée, qui sont remontés jusqu’à la Cour Suprême, laquelle a finalement décidé de dire : non, il n’y a pas eu de génocide ni de génocidaires »
« Quand j’étais enfant, l’idée que je pouvais entendre les sanglots de La Llorona la nuit me terrifiait. Je la voyais comme une âme diabolique qui, à cause de ses péchés, était condamnée à hanter le monde de ses lamentations. On m’avait dit que si un jour je l’entendais, cela voudrait dire qu’elle savait que je méritais d’être puni.
Je suis surpris par la puissance qu’a cette légende aujourd’hui encore, au Guatemala et dans les autres pays d’Amérique Latine. Bien qu’elle sache qu’il s’agit d’un mythe, une grande partie de la population y croit toujours. Ces pleurs de culpabilité résonnent encore dans nos oreilles.
Créer une nouvelle version de La Llorona me permet d’essayer de changer ces stigmates ancrés dans notre culture. En même temps, le mystère qui entoure La Llorona me permet d’évoquer l’histoire récente du pays avec des ingrédients de suspens destinés à un public qui, dans mon pays, préfère le cinéma de divertissement. »
Critiques :
« La Llorona éclaire une histoire du monde que l’on ne connaît pas bien. En même temps, le film raconte tous les massacres qui ont traversé l’humanité, en empruntant le point de vue de celui qui les a décidés. Cette façon d’aborder le crime ethnique et religieux est d’une redoutable efficacité narrative. Le spectateur est emporté pendant tout le récit dans des sentiments ambivalents entre la peur, le dégoût, la pitié et la colère. Le fait de verser dans le fantastique permet une certaine respiration même si, personne ne pourra le nier, un génocide perpétré de cette manière est le pire qu’un humain puisse commettre ». A Voir A Lire
« En enfermant ses personnages dans un fascinant huit-clos, Jayro Bustamente laisse planer le mystère sur l’existence de La Llorona : est-elle incarnée dans la nouvelle domestique, Alma ? Est-elle venue se venger des crimes ignobles commis par le général ? En privilégiant les longs plans et les lents travellings, le cinéaste construit son film comme un thriller aux allures franchement horrifiques, où le décor se resserre peu à peu ». Le Bleu du Miroir
« La grande faiblesse de La Llorona tient à ce que la plupart des éléments horrifiques constituant l’intrigue appartiennent au champ du cinéma d’horreur occidental. Le film montre ainsi en creux l’influence d’un imaginaire états-uniens sur un pays qui n’a pas d’histoire du cinéma. Dans cette perspective, tout imaginaire déployé par le film s’avère banal. «Critikat
« Sur le moment, La Llorona n’est pas toujours un film facile à suivre, exigeant une certaine patience de la part du spectateur. C’est un film qui pose ses plans et son cadre, laissant le spectateur s’en imprégner pour, petit à petit, saisir les clés qui le mèneront à la révélation et à la prise de conscience. La souffrance d’une famille, d’un peuple, d’un pays, d’une civilisation, trouvent écho dans l’ouïe de pleurs lointains, de musiques traditionnelles et de cauchemars, que La Llorona imprime pour que la mémoire ne s’estompe jamais, et que la voix de ceux qui périrent lors du « génocide silencieux » soit enfin entendue ».
A la rencontre du 7ème Art