Seules les bêtes

de Domonik Moll  –  France /Allemagne – 2019 – (1h57)

Fiche technique :

Réalisation : Dominik Moll. Scénario : Dominik Moll, Gilles Marchand d’après le roman « Seules les bêtes » de Colin Niel.  Image : P. Ghiringhelli.  Musique : B. Schiefer.

Distribution : Denis Ménochet  (Michel) , Laure Calamy (Alice), Damien Bonnard (Joseph), Nadia Tereszkiewicz (Marion), Bastien Bouillon (Cédric), Guy Roger ‘Bibisse’  N’Drin (Armand), Valéria Bruni Tedesch (Evelyne).

Synopsis :

 Une femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que  les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnages se savent liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé  loin de la montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle, et où la pauvreté n’empêche pas le désir de dicter sa loi.

Réalisateur :  

Né le 7 mai 1962 d’un père allemand et d’une mère française, Dominik Moll a grandi à Baden Baden avant de partir étudier à l’université de la ville de New York puis à l’IDHEC où il a réalisé plusieurs courts métrages et y a rencontré ses premiers partenaires artistiques, Laurent Cantet et Gilles Marchand. En 2000 il réalise Harry, un ami qui vous veut du bien récompensé par quatre Césars. En 2005 il réalise Lemming, film fantastique à suspense, en 2011 le Moine d’après le roman de Matthew G. Lewis et des séries télévisées Tunnel en 2013 et Eden en 2019.

L’interview :

Avec Gilles Marchand vous avez adapté « Seules les bêtes »  de Colin Niel. Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu dans ce roman ?

D.Moll : Beaucoup de choses en fait. A commencer par sa singularité. Dans une intrigue excitante et pleine de mystère, ce livre explore deux mondes délaissés par la fiction et que tout semble opposer. La campagne française, en l’occurence les Causses où les éleveurs  sont parfois si isolés qu’ils ont du mal à fonder une famille et à cinq mille kilomètres de là, une métropole africaine de près de cinq millions d’habitants où certains jeunes rêvent de faire fortune ( …). Colin Niel rend ses personnages si vibrants et attachants que j’avais envie de les voir en chair et en os. Et puis il y a cette structure particulière du roman, ce récit où chaque chapitre correspond au point de vue d’un personnage différent. Ce qui pourrait être qu’une idée formelle raconte quelque chose de profond sur  le rapport de chacun des personnages à l’amour… Et produit une jubilation particulière sur la résolution de l’intrigue.

Critiques :

Avec  virtuosité, Dominik Moll  réinvente un jeu de puzzle incroyable, où chaque image  éclaire de façon différente l’image précédente, et où s’applique  la règle d’or de la fiction : «  les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être ». Fausses pistes, secrets cachés, dérapages inavoués, tout ce passe sous la surface. A chaque fois on a l’impression d’avoir tout compris, en fait, on n’a rien compris ( et c’est délicieux ce sentiment de brouillage).   François Forestier

Après s’être donné à voir comme un thriller qui appelle un dénouement implacable, où tous les fils patiemment tirés dans l’ombre finiraient par  dessiner  une toile d’araignée, le film s’engouffre au contraire dans une exquise fragilité.   Libération

Comme  une carte au trésor, le film déploie au gré  de ses territoires le point de vue de chaque personnage, rejouant les scènes selon un angle différent. De cette entreprise de rembobinage  nait un récit dense  où les regards glanés en chemin constituent les pièces à conviction d’une énigme trouée  dont la résolution (qui a tué?) importe moins que l’origine du mal.  Les Inrockuptibles

Dominik Moll fait ainsi correspondre  entre eux des gens isolés, de conditions sociales et d’âge différents, qui cherchent à échapper à leur morne quotidien. Grâce à une interprétation très solide  Seules les bêtes  se révèle au bout du compte un éloge malicieux de la crédulité, sans laquelle il n’y aurait point de film …. Celui-là , mais aussi tout ce que l’on se fait dans la tête.   Jacques Morice

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