L’échiquier du vent

de     Mohammad Reza Aslani  (1 h 41) 1976 Iran  

Avec Fakhri Khorvash, Mohamad Ali Keshavarz, Akbar Zanjanpour

Synopsis :  Suite à la mort de son épouse, Haji Amou, projette de se débarrasser de sa belle-fille, Petite Dame, héritière en titre de la fortune et de la belle maison luxueuse dans laquelle ils vivent.

Le Réalisateur :

Né en 1943, Mohammad Reza Aslani est un poète, graphiste, scénariste, théoricien et réalisateur iranien. Diplômé de l’université des beaux-arts et de l’école de cinéma de Téhéran, Aslani commence à travailler d’abord en tant que chef décorateur à la télévision iranienne où il rencontre Fereydoun Rahnema, poète et cinéaste, grâce à qui le jeune Aslani fait son premier court-métrage documentaire/expérimental, La Coupe Hassanlou, en 1964. Rahnema envoie le film à Henri Langlois qui réagit positivement et le projette à la Cinémathèque française, ce qui permet à Aslani d’avancer dans sa carrière de cinéaste.

Jusqu’en 1975, Mohammad Reza Aslani se fait remarquer en tant que scénariste de films d’auteur. En parallèle, Aslani continue à réaliser d’autres courts-métrages documentaires et de fiction, notamment La Caille : le garçon qui demandait (1970) avec un style proche de l’esthétique des films de Bresson. Cela lui vaut la réputation de cinéaste ‘‘trop intellectuel’’ et son cinéma est critiqué comme ‘‘impopulaire’’ à cause de sa distance avec l’esthétique du cinéma iranien dominant : une étiquette qui allait miner la suite de sa carrière. Aujourd’hui, grâce à la redécouverte de son premier long-métrage L’Échiquier du vent (1976), Aslani est considéré comme l’une des plus importantes figures du cinéma d’auteur iranien.

Critiques :

Le film sidère moins qu’il affecte durablement le regard et l’esprit. Plutôt que de chercher à tout prix à surprendre par le biais d’effets de rupture, Mohammad Reza Aslani module l’atmosphère de son huis-clos à travers une langueur qui finit par ployer sous son propre poids.

Le petit jeu de massacre qui s’organise sous nos yeux tire sa force de la continuité sereine qui l’anime. En ce sens, la véritable horreur provient de l’intérieur et rappelle les drames de chambre d’Ingmar Bergman.

 On retrouve ici le même intérêt pour le dénudement des visages qui apparaissent comme autant de façades lézardées par le passage du temps.

Cloisonnés entre les murs d’une demeure poussiéreuse, les protagonistes rêvent de lendemains qui se heurtent aux cloisons de leur tombeau, aspect que renforce les quelques regards caméras qui traversent le film, motif qui prend moins à partie le spectateur qu’il révèle la triste lucidité de ces êtres prisonniers d’un espace-temps incertain. Jacques Demange

La question au réalisateur :                          

D’où vient le personnage de Petite Dame ? Est-elle très étrange pour le début du XXe siècle ?

C’est une aristocrate et à l’époque, durant la révolution constitutionnelle, il y a eu des mouvements féministes et les femmes de cette couche sociale étaient les seules à savoir lire et donc étaient parmi les premières féministes iraniennes. […]

 Petite Dame est une dame lettrée, porte des lunettes, lit des livres, et c’est pour ça qu’elle est une femme différente. À l’époque, toutes les femmes lettrées étaient considérées comme différentes et si on n’arrivait pas à les faire taire, on les tuait. […]

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