LE SOLEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE
(The sun shines bright)
de JOHN FORD – 1953 – USA – 90 minutes
FICHE TECHNIQUE :
Scénario : Laurence Stallings et d’après les histoires d’Irvin S. Cobb (The Sun Shines Bright, The Mob from Massaq et The Lord Provides) Production : John Ford et Merian C. Cooper, pour Argosy Pictures Distribution : Republic Pictures Charles Winninger : Juge William Pittman Priest Arleen Whelan : Lucy Lee Lake John Russell : Ashby Corwin Stepin Fetchit : Jeff Poindexter Russell Simpson : Dr. Lewt Lake Ludwig Stossel : Herman Felsburg Francis Ford : Finney.
SYNOPSIS :
En 1905, à Fairfield, une petite ville du Kentucky, le juge Priest, alcoolique au grand cœur, se représente aux élections locales. Lors de sa campagne, il prend le parti de défendre un jeune Noir accusé injustement du viol d’une jeune femme blanche et consent à participer à la procession funéraire d’une prostituée notoire. Cette série d’événements le met à rude épreuve, lui valant le respect des uns et l’hostilité des autres.
CRITIQUES :
Le maître du genre qui a pourtant tout autant brillé dans la réalisation de ces « petites histoires sans grandes vedettes sur des communautés de gens très simples. », qu’il considère être ses plus beaux films, confie-t-il à Bertrand Tavernier. Dans le genre, viennent à l’esprit deux films avec Will Rogers, Steamboat Round the Bend et Doctor Bull dont l’apparente simplicité fait place à une profonde chronique de mœurs. S’ajoute à cette liste un film fort méconnu, ce petit bijou qu’est Le soleil brille pour tout le monde qui ressort enfin sur nos écrans, soixante ans après sa sortie initiale et sa sélection au festival de Cannes. Ce film fut d’ailleurs un des films préférés de son auteur aux côtés de Vers sa destinée. (Critikat)
La nostalgie qu’exprime Le soleil brille pour tout le monde n’est pas dénuée de contradictions et se nourrit de la quiétude d’un univers paternaliste et faussement paisible dont le film fait irrésistiblement sentir qu’il est en voie de disparition. La guerre de Sécession prend ici une valeur symbolique, celle d’une fracture qui a transformé les structures mêmes de la société américaine primitive et dont le juge Priest ne constitue plus qu’une sorte de vestige. (Le Monde)
Les figures habituelles du western sont présentes, mais déplacées, vidées du mythe qui les accompagnait : celui qui pourrait être un héros, qui débarque un cigare aux lèvres, jeune homme fringant avec ses chevaux de course, n’en possède que l’apparence. Il est une espèce de caricature de héros à la carrure athlétique, une image arrachée à un magazine de mode. Il ne voit pas, n’entend pas les appels de son serviteur noir venu l’accueillir après sa longue absence. Sa sortie est de parade. Son visage est un masque qui, cependant, à deux reprises dans le film, marquera une légère émotion. Le personnage sera, par ses gestes, alternativement faible et capable d’audace ou de courage. Le héros ne s’évanouit pas par un simple renversement de l’image créant un anti-héros, mais par la mise en relativité de l’image.( Art Cinema)