La belle endormie

la belle endormieLA BELLE ENDORMIE

( LA BELLA ADDORMENTATA )

Un film de Marco BELLOCCHIO (1h50) France Italie  2012

Avec : Isabelle HUPPERT – Toni SERVILLO – Alba ROHRWACHER – Michele RIONDINO – Maya SANSA – Pier Giorgio BELLOCCHIO – Gian Marco TOGNAZZI – Fabrizio FALCO

Marco BELLOCCHIO     :   Réalisateur, scénariste et producteur, né le 9 novembre 1939 près de Plaisance, il fait ses études à l’Académie d’art dramatique de Milan et au Centre du Cinéma Expérimental (Centro sperimentale). Précurseur des mouvements de mai 68, son premier film, Les Poings dans les poches (Pugni in tasca, 1965), qui met en avant la révolte de la jeunesse, est remarqué par la critique. S’écartant du néoréalisme, Bellocchio s’attaque aux symboles conformistes italiens et esquisse une œuvre politiquement engagée. Il continue dans cette direction et dénonce le rôle de la religion dans Au nom du père (Nel nome del padre, 1971). Après cette période, il se tourne vers la réalisation de films plus subversifs. La projection du Diable au corps (Il diavolo in corpo, 1986), qui présente des scènes de sexe explicites, provoque un scandale à Cannes. Il met en scène l’assassinat d’Aldo Moro dans le film Buongiorno, Notte (2003), unanimement salué lors de sa projection Venise. Bellocchio est athée.  Dans les années 60, il a été militant d’extrême gauche et a fait un temps partie de l’Union des communistes italiens, groupe maoïste. Il est maintenant sympathisant du Parti Radical Italien, libéral, libertaire et social libéral.

Filmographie succincte     :

Les Poings dans les Poches (1965) – La Chine est Proche (1967) – Au Nom du Père (1971) – La Marche Triomphale (1976) – Henri IV le Roi Fou (1984) – Autour du Désir (1990) – La Nourrice (1999) – Vincere (2006).

Le thème:  Le 23 novembre 2008, l’Italie se déchire autour du sort d’Eluana Englaro, une jeune femme plongée dans le coma depuis 17 ans. La justice italienne vient d’autoriser son père à interrompre l’alimentation artificielle maintenant sa fille en vie. Dans ce tourbillon politico-médiatique les croyances et les idéologies s’affrontent. Maria, une militante du Mouvement pour la Vie, manifeste devant la clinique où est hospitalisée Eluana, alors qu’à Rome son père, sénateur, hésite à voter le projet de loi s’opposant à cette décision….

Critiques     :

Autour de l’affaire Eluana Englaro (cette jeune femme dans le coma que le père souhaitait euthanasier), le cinéaste a imaginé quatre histoires, racontées en alternance, qui interrogent notre rapport à la mort, à la foi et à la morale. Intelligence vigoureuse, séduction, justesse caractérisent ce portrait d’une Italie en crise. Télérama (Jacques Morice) Les six derniers jours d’Eluana Englaro vécus par l’Italie en crise. En mettant en scène des cas concernés par l’acharnement thérapeutique, Bellocchio chante un superbe hymne à la liberté et à la vie, évitant le pamphlet sans chercher non plus le consensus. Les Fiches du cinéma (La rédaction de Les Fiches du Cinéma)

La mise en scène au cordeau sert admirablement ce sujet volcanique qui cible avec puissance les pères de la nation, le cynisme et les fausses croyances. Nouvel Obs (Sophie Grassin) Avec La Belle endormie, Bellocchio signe néanmoins un film (parfois un peu longuet) qui, à défaut d’être neutre, évite la surenchère et s’efforce de poser cette complexe question avec respect et nuance. La Croix (Arnaud Schwartz)

L’interview:

Ce film nait de la très grande émotion (et de la stupeur) suscitée par la mort d’Eluana Englaro (et surtout comment sa mort a été vécue par les Italiens, je pense aux internautes, aux hommes politiques, à l’église…), de ma solidarité et de mon admiration pour le père d’Eluana. Cependant, je sentais aussi que cette solidarité partisane risquait de limiter mon imagination, je sentais qu’il était nécessaire d’élargir l’horizon, de voir a plus long terme… Attendre… J’ai attendu deux ans avant de reprendre mon travail, de l’approfondir. Et c’est ainsi que sont nées d’autres histoires qui, bien qu’indépendantes, ne sont en rien étrangères à celle d’Eluana. Des histoires qui plongent leurs racines dans un temps plus ancien (très antérieur au temps d’Eluana), le temps de ma vie toute entière, l’enfance, l’adolescence, la famille, l’éducation catholique, les compromis de la politique, les principes moraux, l’importance d’être cohérent avec ses propres idées, le refus de s’avouer vaincu devant une vie en danger, mais encore riche de potentialités et capable de se ressaisir, de renaitre (cf. Rossa et Pallido…). Voila en quelques mots mon parcours, un parcours dans lequel le style, le choix des images, la structure du drame sont venus après ou d’eux-mêmes… Pendant le tournage, nous avons improvise assez souvent, tout en respectant les dialogues (raccourcis au montage). Sans Eluana qui meurt, il n’y aurait pas de Belle Endormie qui se réveille. Dans ce film, il n’y a ni préjugés ni partis pris. Certes, ce n’est pas un film impartial, je crois que l’impartialité n’existe pas dans l’art, mais ce film est sincère et n’est en rien idéologique. J’ai ma propre conviction mais ce film n’en est pas l’illustration. Je reste ouvert a la discussion (j’espère qu’elle aura lieu) et confiant en un public non indifférent.

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