Fanny et Alexandre
d’Ingmar Bergman Suède 1983 (3h 08)
Fiche technique.
Réalisation : Ingmar Bergman Scénario : Ingmar Bergman Musique : Daniel Bell Producteurs : Cinématograph AB pour l’Institut du film suédois Gaumont France, Persona Film et Tobis Filmkunst Allemagne Fédérale Images : Sven Nykvist
Interprétation : Pernilla Alwin ( Fanny ), Bertil Guve ( Alexandre ), Jan Malmsjo (évêque Edouard Vergerus ), Gun Wallgren ( Helena Ekdahl ), Mona Malm ( Alma Ekdahl ), Erland josephson ( Isak Jacobi ), Pernelle August ( Maj ), Ewa Froling ( Emilie ).
Synopsis :
L’histoire se déroule dans la Suède du début du XXème siècle. Le film dépeint la vie d’un jeune garçon, Alexandre, et de sa sœur, Fanny, au sein d’une famille aisée, les Ekdahl. Les parents de Fanny et Alexandre travaillent dans le théâtre où le père est acteur. Ils sont très heureux ensemble, jusqu’à la mort subite du père. Peu après le drame, la mère trouve un prétendant : un évêque luthérien, Vergerus et accepte sa proposition de mariage. Elle déménage avec ses enfants à l’évêché où règne une atmosphère sévère et ascétique. Fanny et Alexandre est une grande fresque qui débute par une somptueuse fête où se retrouvent tous les membres de la famille Ekdahl.
Le Film :
Tout d’abord réalisé pour la télévision, il est divisé en 4 parties et dure 312 mn soit plus de 5h, Bergman accepte d’en sortir une version de 3h 08 seulement pour les salles de cinéma : concession obligée pour Bergman qui va lui permettre de financer son œuvre la plus chère en matière de production : 6 millions de dollars.
Récompenses :
6 fois nominé pour les Oscars, le film en remportera 4 : du meilleur film en langue étrangère. du meilleur photographe. de la meilleure direction artistique. de la meilleure création de costumes. Mais celui de meilleur réalisateur et de meilleur scénario original ne lui seront pas attribués, mettant définitivement fin aux chances de Bergman d’être oscarisé, puisque ce film est considéré comme son œuvre ultime pour le cinéma. – César du meilleur film étranger en 1984.
Réalisateur et Filmographie :
Fils d’un pasteur luthérien, il nait en Suède en 1918 et meurt à l’âge de 87 ans sur l’île de Faro, son refuge après le décès de sa 5ème épouse. Bergman se plaisait à dire : « Le théâtre c’est mon épouse, le cinéma c’est ma maîtresse ». En effet, si de 1946 à 1984, il compte 63 films à son actif, en 63 ans de carrière( la liste en serait bien trop longue), on ne peut pas ignorer ses nombreuses mises en scène de théâtre, notamment en Allemagne. C’est, cependant, en tant que cinéaste qu’il sera célébré : il est l’unique cinéaste à avoir reçu « La Palme des Palmes » au festival de Cannes, palme que le secret Bergman ne viendra pas chercher, se contentant de déclarer en 2001 à la revue Positif : « Ce qui m’a jamais intéressé, c’est d’accomplir un vrai travail d’artisan »
Propos du réalisateur :
« Beaucoup de gens disent : c’est un film qu’il a fait pour venir à bout de son enfance.. .. Bien sûr, il y a des éléments de ma jeunesse à l’intérieur. Alexandre, dans un sens c’est moi,… mais ce sont des choses mineures. La grand-mère, dans Fanny et Alexandre, a toutes les caractéristiques de ma grand-mère, mais ma grand-mère ne fut pas une femme de théâtre. … Chez elle, c’était très calme, elle me traitait comme un adulte. Elle était patiente, intelligente, je voulais l’avoir dans le film et, comme Alexandre, j’étais mortellement effrayé par les fantômes, les démons. Mais pourquoi est-il si difficile de croire que je veux arrêter de faire des films ? J’ai arrêté de tourner parce que je ne pouvais pas aller plus loin : Fanny et Alexandre m’a pris cent trente jours de tournage. Je ne veux pas retomber dans cet esclavage. Ce n’est pas difficile pour moi de dire adieu au cinéma. Si j’étais obligé d’arrêter le théâtre, ce serait une catastrophe. Je l’aime beaucoup plus que le cinéma. Je suis le maître de l’humiliation : une des scènes cruciales est probablement celle où le beau-père d’Alexandre frappe le garçon : chaque détail, chaque instant, vient de mon enfance. Mon père me punissait de cette manière quand je racontais des histoires. »
Critiques :
Son chef d’œuvre apaisé probablement parce qu’il s’ouvre et se clôt sur un Noël familial où les forces du Mal semblent vouloir lâcher prise : illusion bien sûr, elles rôdent toujours. Le film célèbre somptueusement la pureté de l’enfance et le théâtre qui, seul, peut la préserver en nous. (Télérama )
Le classicisme de la mise en scène et l’écriture détonnent avec l’épure habituelle des films de Bergman qui se rapproche ici de Visconti ou de Renoir. Les thèmes, eux, restent les mêmes : la conjugalité (plusieurs couples ) la sensualité ( le priapisme de l’oncle) névroses et hystéries féminines en tous genres, angoisse métaphysique devant Dieu et le néant. A la différence que Fanny et Alexandre affiche un optimisme inhabituel chez Bergman. (Olivier Père .Arte)