de Kaouther Ben Hania – ( 1 h 47mn ) – Tunisie – 2023
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Kaouther Ben Hania. Distribution : Hend Sabri (Olfa Hamrouni), Olfa Hamrouni (elle-même, la mère), Eya Chikhaoui ( elle-même, une des filles d’Olfa), Tayssir Chikhaoui (elle-même, une des filles d’Olfa), Nour Karoui (Rahma Chikhaoui), Ichraq Matar (Gofrane Chikhaoui). Genre : documentaire.
Synopsis : La vie d’Olfa, Tunisienne et mère de quatre filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’ histoire d’Olfa et de ses filles.
Réalisatrice : Kaouther Ben Hania fait ses études en cinéma à Tunis et à Paris ( La Fémis et la Sorbonne). Elle réalise plusieurs courts métrages dont Les Pastèques du Cheikh (2018) et Peau de colle ( 2013) qui a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux et a remporté de nombreux prix. Le Challat de Tunis (2014), son premier long métrage connaît un succès international aussi bien dans les festivals qu’en salles. Elle signe ensuite Zaineb n’aime pas la neige, long métrage documentaire tourné durant 6 ans entre la Tunisie et le Canada. Suivent la Bête et la Meute (2017) et l’Homme qui a vendu sa peau avec Monica Bellucci, nominé aux Oscars pour le meilleur film étranger. Les Filles d’Olfa remporte le César du meilleur documentaire en 2024 et l’Oeil d’Or du meilleur documentaire à Cannes.
L’interview :
Avec ce film vous souhaitiez revenir à la forme du documentaire ?
-Kaouther Ben Hania : A la radio, j’ai entendu Olfa parler de l’histoire tragique de ses filles. J’ai été bouleversée par son récit. Là aussi il s ‘agissait d’une mère et des ses quatre filles adolescentes. Olfa m’a immédiatement fascinée. J’ai vu en elle un formidable personnage de cinéma. (…) Elle incarnait une mère avec toutes ses ambiguïtés, ses contradictions, ses zones troubles. (…)
Vous pensiez en faire une fiction ?
-K.B.H. : Je suis passée par différentes étapes. Dans un premier temps je me suis d’abord dit que j’allais la filmer avec les deux filles qui lui restent pour exprimer l’absence des deux autres. J’ai commencé à les filmer en 2016 puis en 2017. Mais quelque chose ne marchait pas. Comment raviver les souvenirs sans les embellir, les transformer, sans se donner le beau rôle, sans édulcorer la vérité ? Comment affronter la vérité de son passé des années après ? (…)
C’est à ce moment là que vous choisissez de faire appel à Hend Sabri pour confronter Olfa à son double fictionnel ?
-K.B.H. : Quand je me suis rendu compte que ce que j’avais tourné n’était pas intéressant, j’ai laissé reposer. (…) Quand j’y suis revenue, j’ai réalisé que la meilleure façon de remettre Olfa sur le terrain du réel et de ses propres souvenirs était de faire un documentaire sur la préparation d’une fiction qui ne verrait jamais le jour.
Critiques :
Mêlant fiction et documentaire, une réflexion bouleversante sur les relations mère/fille au sein d’une société patriarcale réprimant chaque forme de liberté. Les fiches du cinéma
Pari réussi : entre dispositif théâtral, thérapie de groupe et psychanalyse familiale « les Filles d’Olfa » ausculte deux générations de Tunisiennes, leurs silences coupables et non-dits douloureux, le machisme délétère, les vertus et effets pervers de la révolution arabe, les ravages de l’islamisme radical. Puissant. L’Obs
« Les Filles d’Olfa » fonctionne ainsi plutôt par endroits, par morceaux touchant à une vérité brute davantage que dans son ensemble, le plus fascinant étant l’absence de manichéisme avec lequel est envisagé le personnage très complexe d’Olfa. Libération