Black Coal

black coalBLACK COAL

De Yi’nan Diao  Chine, Hong Kong 2014 ( 1h46 )

Avec Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang, Ailei Yu

 Le film:

En 1999, un employé d’une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête mais doit rapidement  abandonner après avoir été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects. Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l’épouse de la première victime. Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l’amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme. 

Primé à Berlin :

L’ours d’or lui été dévolu, signe que le polar, plus que jamais, innerve un cinéma mélancolique et profond conçu comme un portrait de la Chine contemporaine. Zhang est l’arc vibrant d’une histoire de chagrin et de rédemption dont l’amour perdu va devenir, à son corps défendant, la quête obsédante. Il y a beaucoup de routes, de passages et de transits dans « Black coal »  comme si en progressant, l’enquête dévorait tout sur son passage, à commencer par l’espace et le temps. Le propos flirte délibérément avec une sorte de cauchemar éveillé où la douceur ambiante n’empèche pas des rappels de cruauté ni le réalisme du quotidien . On y voit la misère,la peur de la Police, la résignation des gens ordinaires, la solitude de la foule, l’obéissance muette et la violence de ceux qui n’ont plus rien à perdre.Au bout du compte, Zhang est un homme égaré dans un pays qui se délite.

Entretien avec l’auteur : 

« Dès mes années de jeunesse, j’ai aimé lire les histoires de détective. C’est cette atmosphère qui me séduisait dans Le faucon Maltais… En outre j’aimais les films de Jean-Pierre Melville et les livres de James Cain et de Raymond Chandler…Dans la tradition occidentale du film noir, le personnage de la femme fatale est présenté comme froid et mauvais, intelligent et destructeur d’hommes. Je le voulais plus humain. Du coup, ma femme fatale a une influence positive sur le protagoniste,qui éprouve en conséquence de la sympathie ou de la pitié pour elle.

Chaque personnage a une double vie. Vous pouvez même dans Black coal ajouter le personnage principal, vigile de sécurité qui face au personnage féminin devient un individu ordinaire noyé dans la société.Tous ces personnages sont poussés par un élément déclencheur qui tout d’un coup, révèle à leur conscience un désir profondément ancré au fond d’eux-mêmes. Ils entrent dans un nouveau voyage pour que ce désir devienne réalité.On ne met pas forcément au grand jour ses désirs enfouis…Je suis très solitaire..A partir de 1976, à la fin de la Révolution Culturelle ,avec les bouleversements politiques, j’étais seul chez moi.

La Chine est un pays des extrêmes. Elle est à la fois très moderne et très arriérée et l’injustice sociale existe dans les petites comme dans les grandes villes. Elle n’a pas changé à cause de la modernisation ou de l’arrivée des biens matériels.Quand je faisais mes études,on était passionné par le théâtre de l’absurde, les pièces du théâtre moderne, le réalisme. Il y a eu aussi au cinéma la Nouvelle Vague française  et les films noirs américains… La violence,je la filme telle qu’elle s’impose à moi. Elle surgit de nulle part .

A l’Academy of Drama , j’aimais beaucoup le théâtre d’avant-garde mais la difficulté était de passer les organismes de censure qui ne nous autorisaient pas  à mettre les pièces en scène … »

La critique :

« Diao capture une chose qui ne faisait qu’affleurer chez  Jia Zhang-ke : l’impossible gestion des fantasmes dans une société qui isole. Et sous cet angle,la chronique de Black coal, elle-même fantasme de film noir, prend alors sa véritable ampleur politique. Celle d’une fable absurde où le vide des lieux parcourus trouve son écho dans un autre no man’s land existentiel, celui où s’achève Le Procès de Welles en une même explosion dérisoire . »   ( G.Nectoux )

« Ecrit par le cinéaste lui-même,le scénario paraît de prime abord confus et déroutant. Difficile de dénouer les diverses ficelles de l’intrigue criminelle et de comprendre les motifs de l’assassin. La force du film est ailleurs. Elle tient dans sa mise en scène, dans son décor, sa lumière et surtout dans le regard que Diao Yinan pose sur son environnement et l’évolution de son pays. » (  A.Gombeaud )

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