Freaks

freaksFREAKS
( « La monstrueuse parade »)

De Tod Browning
USA 1932 ( 1h16)

Le film:

Fiancé à Frieda, écuyère naine du cirque de Madame Tetrallini, le lilliputien Hans est fasciné par la beauté de Cléopâtre, trapéziste vedette de la troupe, maîtresse de l’athlète Hercule.Cléopâtre prend un vif plaisir à torturer Hans, de plus en plus épris, lorsqu’elle apprend qu’il vient d’hériter d’une grosse fortune. Elle décide alors de l’épouser, puis, avec la complicité de son amant Hercule, tentera de l’empoisonner.
En dépit des efforts de Frieda, le mariage a lieu, et le repas qui  suit la  cérémonie est le début des humiliations de Hans. Tous les monstres sont de la fête, et dans l’hilarité  générale, décident d’adopter Cléopâtre comme une des leurs, puisqu’elle vient d’épouser un monstre. Folle de rage, Cléopâtre chasse les monstres de la tente, les couvrant d’injures. Entretemps, le complot contre Hans est découvert …

Biographie de Tod Browning (1880-1962 ) :

Il est très tôt attiré par le monde du spectacle. Selon la légende, Browning quitte très tôt sa ville natale de Louisville en 1898 pour suivre une troupe itinérante et parcourt pendant plusieurs années le sud des USA. En 1913, acteur de théâtre, il est présenté à D.W.Griffith qui l’engage et le fait jouer dans deux comédies. En 1914, il joue dans An interrupted séance, son premier film et un an plus tard, il réalise son premier film The lucky transfer. Il commence à réaliser de nombreux mélodrames et puise son inspiration dans le fantastique, le dramatique et de très noirs films d’épouvante :Dracula, Mark of the Vampire, Freaks, Les Poupées du Diable. Freaks révulse le public et la critique ; c’est un échec cuisant pour le cinéaste qui, par la suite, ne réalise que quatre films, le dernier en 1939. Il aura tourné plus de soixante films. Freaks a eu un impact très important dans l’imaginaire populaire et a servi d’inspiration pour plusieurs œuvres sur de nombreux supports : théâtre, musique, bande dessinée.

Plus près de nous, The Eléphant Man ( 1980) de David Lynch, Les Frères Fall des frères Polish ou Flora  de Jodie Foster s’inscrivent dans le sillage de Tod Browning  dont on a pu dire qu’il était l’ Edgar Poe du  Cinéma ;
Illusion et vérité : freaks, junkies, esprits diaboliques, quand le faux devient plus réel que le vrai :
L’illusion, le faux, le mensonge, le simulacre jalonnent de façon quasi-obsédante la plupart des grands films de Tod Browning sous de multiples formes. On retrouvera cette même thématique chez Orson Welles depuis Citizen Kane jusqu’à  Vérités et Mensonges .Cette quasi-obsession de Browning pour le spectacle s’explique avant tout par la fascination qu’il éprouvait pour le cirque et le monde forain..
Les autres formes d’illusion « browningiennes, » moins imposantes visuellement, tels le déguisement, le travestissement ou l’hypocrisie, ont souvent une
importance dramatique fondamentale d’autant plus intense que le spectateur est le seul à connaitre la vérité sur les personnages et leurs intentions. Au-delà de ce parallèle constant entre le faux et le vrai, Browning va bien plus loin en nous interrogeant non seulement sur l’essence du faux et du vrai, mais aussi, à travers une mise en abîme sur la question de l’identité : la frontière entre simulacre et réalité est souvent très ambivalente, au point de basculer. Ce basculement est d’autant plus fort que les héros en sont généralement responsables, provoquant eux-mêmes leur propre chute.
Quant aux personnages de Freaks, si le film nous donne à voir  leur monstruosité corporelle, il met d’autant plus en valeur leurs visages parfois beaux, facilitant inconsciemment notre identification  à ces êtres à part. Les freaks sont traités et filmés comme de vrais êtres humains réellement attachants par leur humanité et leurs souffrances face à la cruauté des « normaux ». L’amour qui unit  profondément le clan pourrait être résumé dans cette seule phrase : « Offensez-en un et vous les offensez tous ! «  Comme un écho  au célèbre : « Un pour tous, tous pour un ! »  Le mélange constant des genres cinématographiques, la singularité de ses thèmes, marqués par une nette influence freudienne, ou le cinéaste se plait à cultiver constamment l’insolite et l’ambigüité, font du cinéma de Browning, un cinéma décalé, étrange, marginal dans le paysage hollywoodien tout en faisant en partie sa richesse. Mais c’est aussi peut-être avant tout un cinéma d’une très grande modernité qu’il est bon de redécouvrir.
Cette projection sera suivie d’une séance d’analyse filmique sur le thème des MONSTRES au cinéma le samedi 23 nov. à 13h30 à la MJC.

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