Casablanca

casablancaCASABLANCA

Réalisation : Michael Curtiz    USA (1942)    Durée :  1h42

Scénario : Julius J. et Philip G. Epstein, et Howard Koch. Image : Arthur Edeson. Musique : Max Steiner. Avec Humphrey Bogart : Rick Blaine. Ingrid Bergman : Ilsa Lund. Laszlo :              Conrad Veidt : le major Strasser. Claude Rains : le capitaine Louis Renault.

Synopsis

Des milliers de réfugiés, venus des quatre coins de l’Europe, affluent à Casablanca, dans le fragile espoir d’obtenir un visa pour les Etats-Unis. Le Café américain leur sert de lieu de rendez-vous avec leurs contacts. Le propriétaire, Rick Blaine, est un homme secret au passé obscur. Le meurtre de deux émissaires nazis porteurs de lettres de transit conduit à Casablanca un important dignitaire allemand, le major Strasser. Peu après, le résistant roumain Victor Laszlo et sa troublante épouse, Ilsa, débarquent à leur tour au Café américain. Rick reconnaît en Ilsa la femme avec laquelle il a eu une liaison à Paris deux ans plus tôt …

Le réalisateur

Né à Budapest en 1888 Mano Kertész Kaminer débute sur les planches comme comédien et metteur en scène, avant de devenir à partir de 1912 l’un des pionniers de l’industrie cinématographique hongroise – on lui attribue parfois jusqu’à une cinquantaine de films pour cette seule période. Après un passage par le Danemark et la Scandinavie ,il réalise Bánk bán (1914), l’un des premiers succès de la cinématographie nationale et  se consacre à plusieurs adaptations, de Balzac (La Peau de chagrin), de Ferenc Molnár (Liliom, inachevé) ou encore de l’opérette La Veuve joyeuse. Durant la Première Guerre mondiale, le jeune cinéaste sert dans l’armée, et œuvre comme opérateur d’actualités. En 1919, les graves troubles traversés par une Hongrie devenue autonome l’amènent à émigrer en Autriche. Installé à Vienne, il réalise des fresques historiques à grand spectacle. Le succès de L’Esclave reine (1924) lui ouvre les portes d’Hollywood, et la Warner lui offre de venir travailler outre-Atlantique.,En 1926  Kertész pose le pied sur le sol américain et devient Curtiz.
En 1928, il réalise L’Arche de Noé, vaste superproduction d’un studio pour lequel il travaillera de façon exclusive jusqu’en 1953, passant au parlant avec Mammy en 1930. Figure de l’âge d’or des studios (et de la Warner), émigré européen inspiré par l’expressionnisme allemand, Curtiz réalise une centaine de films aux Etats-Unis, s’exerçant dans tous les genres : western (Les Conquérants, 1939 ; La Caravane héroïque, 1940, ce dernier réunissant Errol Flynn et Humphrey Bogart, des acteurs qu’il dirigera respectivement à 13 et 8 reprises, , drame (Le Roman de Mildred Pierce, 1945), film noir et veine sociale (Les Anges aux figures sales, 1938), film historique (La Vie Privée d’Elisabeth d’Angleterre, 1939), comédie musicale (La Glorieuse parade, 1942), film de gangsters/de prison (Vingt mille ans sous les verrous, 1932) ou encore film d’horreur (Docteur X, 1932 ; et surtout Masques de cire, 1933). C’est toutefois dans le film d’aventures qu’il impose avec la plus impressionnante régularité ses films comme des classiques, offrant à Errol Flynn des rôles qui forgeront sa légende : Captain Blood (1935), Les Aventures de Robin des Bois (1938), L’Aigle des mers (1940), La Charge de la Brigade Légère (1936) ou La Piste de Santa Fé (1940). Classique également, et même classique des classiques, Casablanca (1942) reste le sommet de la carrière de Curtiz, et lui vaudra son unique Oscar de meilleur réalisateur.
Le réalisateur chéri de la Warner voit son étoile pâlir à la fin des années 1940. Après l’épilogue de l’ère Warner, il tourne  pour la Fox (le péplum L’Egyptien, 1954) et pour la Paramount (White Christmas, avec Bing Crosby), avant de diriger Elvis Presley dans King Creole (1958). Pour ce qui sera son dernier film, Les Comancheros (1961), il retrouve John Wayne, figurant dans L’Arche de Noé une trentaine d’années plus tôt. Michael Curtiz meurt en 1962..

La critique

En effet, même si le temps n’a pas eu de prise sur ce mélodrame (tiré d’une obscure pièce de théâtre qui n’a jamais été représentée mais seulement rachetée pour son exotisme), si l’on essaye de l’étudier plus en profondeur, on se rend vite compte qu’il comporte pourtant son lot de lieux communs les plus éculés, aussi bien dans les situations que dans la caractérisation des personnages. C’est donc bien une sorte de miracle qui a eu lieu, le résultat d’une alchimie parfaite entre l’élégance d’une mise en scène, la perfection technique du studio Warner de l’époque et une interprétation prodigieuse de tous les acteurs, seconds rôles compris, les furtives apparitions de Sidney Greenstreet et de Peter Lorre étant par exemple inoubliables. ( Erick Maurel )

Le film trouve un équilibre parfait entre une superbe histoire d’amour et le drame de la guerre qui se rapproche. Malgré les extérieurs de carton-pâte, on se croit parfaitement à Casablanca … Michael Curtiz a su créer une ambiance parfaite, jouant beaucoup avec la lumière à la fois sur les décors et sur les personnages (les gros plans d’Ingrid Bergman sont fabuleux). Et, bien entendu, Casablanca repose beaucoup sur un Humphrey Bogart magistral qui n’est pas étranger au succès que le film a connu dès sa sortie : dans ce personnage dur mais intègre, libre et refusant de plier sous le joug, toute l’Amérique de 1943 s’est reconnue, une Amérique qui s’apprêtait alors à intervenir plus activement en Europe. ( L’œil sur l’écran )

Bien plus qu’un simple film, Casablanca est le cinéma dans tout ce qu’il a de grandiose et de naïf à la fois. C’est en quelque sorte l’apothéose d’un âge d’or – le plus iconique des icones d’une ère où le cinéma régnait en roi et maître sur l’imaginaire collectif et produisait en série de tels icones. Bien plus que simple cinéma, Casablanca est un souvenir – un lieu même où convergent tous les souvenirs du cinéma en tant qu’art populaire par excellence. Car il y a déjà dans Casablanca toute la nostalgie dont il peut faire l’objet près de soixante-dix ans après sa sortie. Comme Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, qui auront toujours Paris, nous aurons toujours le classique de Michael Curtiz : ses répliques mythiques, ses personnages plus grands que nature, son univers si dense et simple à la fois. Sans conteste, il existe de bien meilleurs films que celui-ci : des oeuvres plus ambitieuses, plus intelligentes, plus raffinées. Mais Casablanca dégage quelque chose qu’ils n’ont pas, une atmosphère à couper au couteau qui transcende sa propre réalité. L’instant d’une histoire, ces décors deviennent plus que des faux-semblants érigés dans les studios de la Warner, filmés par un technicien ayant plus de savoir-faire que de style : ils s’improvisent presqu’à leur insu comme théâtre d’une tragédie épique, où c’est l’honneur même de l’humanité qui semble être en jeu. ( Panorama cinéma. Alexandre Fontaine Rousseau ).

Casablanca n’était à priori qu’un exploitation movie de plus, mélangeant les genres, film de temps de guerre teinté de film noir. Mais par son esthétique, véritable parangon du style classique fonctionnel, son scénario fort en émotions, sa musique désespérément nostalgique et ses interprètes fascinants, il s’st imposé comme le pur classique d’une époque. Et il l’est resté.  (Positif)

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