Le bouton de nacre

Le bouton de nacreLe bouton de nacre

( El Botón de Nácar)

Un film documentaire de Patricio de GUZMÁN (1h25) Chili – France 2015

Fiche technique :

Scénario et récit : Patricio Guzmán.

Image : Katell Djian, Montage : Emanuelle Joly, Musique : Miranda & Tobar, Hugues Maréchal.

Synopsis :

Le Bouton de Nacre est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous, qui part de deux boutons mystérieux découverts au fond du Pacifique, au large de la Patagonie, région aux paysages d’une beauté sauvage, avec ses volcans, ses montagnes et ses glaciers. Pour en percer le mystère, Patricio Guzmán nous entraîne dans le temps et l’espace à la recherche des Indiens navigateurs, des colons anglais ou espagnols, des prisonniers politiques assassinés sous la dictature. Cette œuvre engagée est aussi une réflexion sur la mémoire et sur le Chili contemporain.

Ce film a obtenu l’Ours d’argent au Festival de Berlin.

Réalisateur :

Né en 1941 à Santiago du Chili, Patricio Guzmán a étudié le cinéma à Madrid. Il consacre sa carrière au genre documentaire. Ses films, présentés dans de nombreux festivals, y ont obtenu les prix les plus prestigieux. Entre 1972 et 1979, il réalise La Bataille du Chili, une trilogie sur le gouvernement Allende et sa chute, période qui fonde son engagement cinématographique. Arrêté et interné par la dictature, il est plusieurs fois menacé d’exécution. Il quitte le pays en 1973 et s’installe à Cuba, puis en Espagne et enfin en France, mais reste très attaché au Chili et à son histoire. Il a créé en 1997 le Festival International de Documentaire de Santiago, dont il est le président.

Filmographie succincte :

La Bataille du Chili (1972-1979) – La Rose des Vents (1983) – La Croix du Sud (1992) – Chili, la Mémoire Obstinée (1997) – Le Cas Pinochet (2001) – Salvador Allende (2004) – Nostalgie de la Lumière (2010) – Le Bouton de Nacre (2015)

Commentaires :

Comment un objet aussi insignifiant qu’un bouton de nacre peut-il porter un fil aussi ambitieux ? Cette œuvre se démarque de ce que l’on attend d’un documentaire classique. C’est un tour de force narratif, mis en scène par un auteur engagé.

Guzmán arrive avec talent à intégrer toutes ses idées dans un ensemble incroyablement cohérent et fluide, où le fil directeur est l’eau. L’eau qui constitue la plus grande frontière de ce pays, qui est le lieu de naissance de la vie mais qui est aussi un cimetière où reposent les corps torturés des sympathisants d’Allende… Le Bouton de nacre passe du personnel à l’universel, du document à la poésie, et vice versa. A l’image de cette légende indigène selon laquelle les morts se transforment en étoile, le film adopte une forme unique et inédite, parfois touchée par la grâce.

Critique :

Le Bouton de nacre est une partition à plusieurs voix. Entrelacée à la voix-off du cinéaste, la voix des derniers Indiens de Patagonie résonne, accompagnée par celle du poète Raúl Zurita et le témoignage de différents historiens, anthropologues. Mais Guzmán rend avant tout hommage à la polyphonie de l’eau, qui porte en elle une musique ancestrale. A. Valgalier et G. Benhessa dans la revue « la Septième Obsession. »

L’interview :

« Je ne peux pas m’éloigner de la période du coup d’État de Pinochet. C’est comme si j’avais assisté, dans mon enfance, à l’incendie de ma maison et que tous mes livres de contes, mes jouets avaient pris feu sous mes yeux. Je me sens comme un enfant incapable d’oublier cet incendie… »

« Le Chili se débarrasse petit à petit des legs de la dictature et j’espère qu’il va pouvoir devenir plus intéressant, pluraliste et démocratique. Salvador Allende était précisément cela : un homme ouvert, démocratique et libertaire… »

 » J’aime bien avoir recours à la métaphore pour éloigner le documentaire des moyens conventionnels, et parce qu’elle est un instrument narratif d’une grande richesse qui suscite la réflexion chez le spectateur. »

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