De l’autre côté de l’espoir

de Aki Kaurismaki — Finlande 2017 —1h40

Ours d’Argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2017

Fiche technique

Réalisation, Scénario et Production: Aki Kaurismaki

Avec Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen, Iikka Koivula

Synopsis

C’est la rencontre de deux histoires : celle de Khaled, jeune réfugié syrien passager clandestin débarqué par hasard d’un cargo à Helsinki, demandeur d’asile dont la route va croiser celle de Wikström, quinquagénaire propriétaire d’un restaurant qu’il vient d’acheter après avoir tout quitté.

 Le Réalisateur

Né en 1957, Aki Kaurismaki a enchainé les petits boulots avant d’écrire des critiques de films. Recalé à l’école du cinéma car jugé trop cynique, il se forme seul en expérimentant les formes et les genres.

 Cinéphile,admirateur de la nouvelle vague,il fonde avec son frère sa propre société de production qu’il nomme Villealfa en hommage à l’Alphaville de Jean-Luc Godard.

Le cinéaste finlandais va imposer son style dès ses premiers films : une exploration de l’absurde,un mélange de comédie déjantée et de drame désespéré où il met en avant les thèmes de la solidarité et le besoin de fraternité.

Ayant réalisé une cinquantaine de films depuis 1982 et joué dans quelques films à ses débuts, il a acquis une reconnaissance internationale depuis la réalisation du film « La fille aux allumettes »et « Leningrad Cowboys Go America » en 1989 /1990.

Propos du réalisateur

 La création et le développement de nos préjugés en stéréotypes ont une sombre résonnance dans l’histoire de l’Europe….

L’autre côté de l’espoir est, je l’avoue volontiers, un film qui tend dans une certaine mesure et sans scrupule à influer sur l’opinion du spectateur et essaie de manipuler ses sentiments pour y parvenir. Cette tentative va naturellement échouer, mais il en reste, j’espère, un film intègre, un peu triste, porté par l’humour et un peu réaliste sur les destins de quelques hommes dans ce monde d’aujourd’hui.

Propos de Sherwan Haji  (Khaled)

A la lecture du scénario,je me suis rendu compte qu’Aki ne tirait pas ce texte vers le côté technique,mais davantage vers l’émotion, le ressenti. C’était presque un poème; certaines personnes ont un tel niveau de sensibilité face à la vie…

Je peux confirmer que la tristesse d’Aki Kaurismaki en tant qu’homme, sa vulnérabilité sont liées à l’absurdité du monde. Il y a un peu du Don Quichotte en lui. Il veut sauver ce que beaucoup de gens ont presque oublié: leur humanité.

Critiques

Les héros de Kaurismaki ne sont pas photogéniques. Mais leurs mines assez patibulaires, un peu défaites ,bourrues ou abîmées par la vie ne manquent pas pour autant d’être aimables à nos yeux. Ils offrent à la caméra le faciès un peu rugueux de la condition humaine. La symétrie,les proportions parfaites ,éteignent quelque chose que le réalisateur choisit volontairement de réveiller. Cette esthétique qui malmène les canons habituels de l’agréable, « c’est ce qui est vraiment beau à mon sens » insiste le cinéaste.            Positif

Impossible de ne pas penser à Chaplin en voyant L’autre côté de l’espoir : la même générosité intemporelle ,la même alchimie du tragique et du rire, la même pertinence politique aux côtés des opprimés de tous genres. Sans une once d’effusion,sans le moindre angélisme, Aki Kaurismaki amène deux itinéraires opposés à se croiser et réalise un film truffé de lucidité ,jamais aussi drôle que lorsqu’il est sérieux,vertigineux d’intelligence et d’humanité.    Utopia

L’autre côté…est peut-être excessivement théâtralisé par moments, pris dans des mises en scène d’une raideur qui frise le pilotage automatique. Mais il serait un peu malhonnête de reprocher à Kaurismaki son propre langage: sous l’apparente convention de son style, le Finlandais signe bien là un film désintéressé de tout effet de signature ,alerte et lucide,employé tout entier à élaborer du nouveau ,à traiter du présent. Tant qu’il y a de la vie.             Inrock