Moi Nojooon, 10 ans, divorcée

Moi, Nojoon, 10 ans, divorcée

Moi Nojoon

 de KHADIJA AL-SALAMI – YÉMEN, France, E.A.U – 2016 – 1h40

Fiche technique : Scénario et réalisation : Khadija Al-Salami Interprétation : Reham Mohammed (Nojoom), Ibrahim Al Ashmori, Sawadi Al Kainai, Adnan Alkhader (Juez). Studios :  BenjiFilms – Hoopooe Film Montage :  Alexis Lardilleux Distribution France :  Synergy Cinéma

Librement inspiré du livre “Moi, Nojoud, 10 ans, divorcée” de Nojoud Ali et Delphine Minoui  ( Editions J’ai Lu).

Synopsis :

Une petite fille entre dans une salle de tribunal, regarde le juge droit dans les yeux et lui dit : « Je veux divorcer ». Nojoom, 10 ans, a été mariée contre son gré à un homme de 20 ans son aîné. Un arrangement légitime ( il n’y a aucune condition d’âge pour le mariage au Yémen) et acceptable pour tous, sauf pour l’enfant, qui va voir sa vie basculer…

La réalisatrice :

Khadija Al-Salami est née en 1966 dans un milieu modeste au Yémen. Elle est mariée très jeune, mais se rebelle et quitte son mari – avec pour conséquence d’être répudiée par sa famille. Seule sa mère, divorcée elle-même, la soutient, obligée de vendre tous ses biens pour rembourser la dot de sa fille. Elle réussit à aller à l’école les matins en travaillant les après-midis, notamment pour la radio et la télévision locales. A 16 ans, elle décroche son BAC ainsi qu’une Bourse pour aller étudier aux États-Unis, où elle obtient un Master en production et direction de films à l’Université de Washington.

Elle  vit à Paris où, après avoir travaillé comme attachée culturelle à l’Ambassade du Yémen, elle dirige le Centre de Communication et Culture du Yémen. Elle retourne plusieurs fois par an au Yémen, pour filmer des documentaires, pour dénoncer.  Une étrangère dans sa ville (2006), primé au festival de Beyrouth, suit une petite fille, rebelle et garçon manqué, faisant du vélo dans les rues de Sanaa. Amina (2015) est l’histoire (authentique) d’une prisonnière adolescente, condamnée à mort pour avoir tué son mari. Pour être au plus près de la jeune femme, Khadija Al-Salami se cache dans la prison et passe plusieurs jours avec les détenues. Citons encore Le Cri (2013), dans lequel la cinéaste suit quatre femmes ayant pris part aux revendications au Yémen lors des « printemps arabes », ou The Destructive Beast (2011), qui traite de la corruption.

Moi, Nojoom a obtenu le Prix du Meilleur Film au festival de Dubaï, ainsi que 2 Totems d’Or au FFO (Festival du film de l’Outaouais).

Khadija Al-Salami a également co-écrit, avec son mari Charles Hoots, Pleure, ô reine de Saba !, qui retrace son histoire ainsi que celle de son pays.

Elle a crée My Future, une association soutenant le droit à l’éducation des filles yéménites.

Elle a obtenu de nombreuses distinctions (Légion d’Honneur, Chevalier des Arts et des Lettres…) et elle est régulièrement citée comme l’une des femmes arabes les plus influentes dans le monde.

Propos de la réalisatrice :

-« Le mariage forcé de Nojoom, c’est mon histoire. Je l’ai vécu dans ma chair quand j’avais 11 ans. »

-« Quand j’étais petite, ma grand-mère me répétait tout le temps qu’une femme est née pour deux choses : soit être enterrée, soit être mariée. Et c’était pourtant une femme forte, tout le monde avait peur d’elle ! Mais c’était dans son éducation de croire que les femmes étaient inférieures. »

-« Les principaux ennemis de ces gens sont la pauvreté et l’ignorance. »

-« Avec cette fiction, je veux forcer les parents (yéménites) à réfléchir à leurs actes, je ne veux pas qu’ils rejouent mon film sans le savoir. Et pour cela, j’aimerais pouvoir faire des projections dans chaque village de mon pays ». »

-« Je ne voulais pas être comme elles, je voulais être une femme libre et indépendante, avoir une autre vie. J’ai combattu comme une folle(…) Et je savais que l’éducation était la clé. »

-« Après ce que j’ai fait, dans ma famille, il n’y a plus aucune fille qu’on a mariée très jeune. »

Critiques :

-« La force du film ne réside pas tant dans la violence du thème choisi que dans la manière de le mettre en scène. Pour illustrer l’absurdité de ces unions précoces, la réalisatrice associe régulièrement à l’écran la légèreté de l’enfance à la brutalité des traditions(…) Le trait est parfois forcé mais jamais caricatural. »   (C. BOITIAUX, France 24)

-« Moi, Nojoom… fait partie de ces films auxquels on peut facilement pardonner leurs maladresses cinématographiques. Pas seulement parce que le drame biographique dénonce de façon explicite les mariages forcés de petites filles à des hommes qui pourraient être leurs pères. Mais aussi parce qu’il pose sur le phénomène un regard nuancé, sans l’excuser. »    (E.MOREAULT, Le Soleil)

L’association  » MY FUTURE FONDATION »

http://www.myfuture-yemen.org/

 

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