Viva la libertà

Viva la libertà

Viva la liberta

de Roberto Ando  Italie 2014 (1h34)

FICHE TECHNIQUE :

Réalisation : Roberto Ando d’aprés son roman : Il truono vuoto (Le trône vide).

Interprétation : Toni Servillo, Valerio Mastandrea, Valeria Bruni Tedeschi

SYNOPSIS :

Alors que l’Italie s’enfonce dans la crise, l’opposition baisse dans les sondages. Un soir Enrico Oliveri, le leader déprimé du principal parti de gauche, critiqué,  disparaît brusquement laissant une note laconique. A Rome, c’est la panique au sein du parti. Anna, sa femme, suggère une solution au fidèle Andrea Bottini, le conseiller d’Enrico: Giovanni, le frère jumeau du fugueur, lui ressemble trait pour trait…

PROPOS DU RÉALISATEUR :

Il arrive souvent de voir des films tirés de romans. Par contre, il est rare qu’un livre et un film soient signés par le même auteur. Il est intéressant de comprendre la façon dont vous avez travaillé, en collaboration avec Angelo Pasquini, sur l’écriture du scénario. Certains affirment qu’il faut « trahir » un bon roman pour qu’il devienne un bon film. Cela a-t-il été le cas ? Trahison ou fidélité ? Passion ou détachement ?

Trahir mon œuvre aurait été une erreur. Angelo Pasquini était mon complice. En passant d’un code à l’autre, je me suis laissé aller à une certaine liberté de création et je dois avouer que j’ai souvent été surpris du résultat. Dans le film, on voit des situations qui n’existent pas dans le roman. C’est comme si l’écriture cinématographique, le registre visuel, et l’action qui l’emporte sur la réflexion m’avaient laissé apercevoir un développement différent de celui du roman. Dès le début, on était d’accord avec Pasquini : on voulait que les personnages soient aussi légers que dans le roman. Je considère cette légèreté comme l’aboutissement de toute expression artistique. Le film se base sur l’enchaînement des événements, sur l’entrelacement des faits, sur une essentialité de fond qui ramène à la surface les traces profondes de l’histoire en les privant du fardeau intellectuel.

Quelles émotions pensez-vous ou du moins souhaitez-vous que le film transmette ?

L’écriture de ce roman a abouti pour moi à la conquête de cet objectif tant convoité par tous les narrateurs : la légèreté. J’aimerais que les spectateurs du film puissent retrouver cette touche de légèreté que les lecteurs ont tant appréciée dans le roman. Une légèreté qui va de pair avec mes émotions, et, bien sûr, avec certaines réflexions concernant la vie et la politique. Amour, dissimulation, pouvoir, échec : plusieurs éléments s’entrelacent tout le long du film. Je pense que tout le monde est concerné. Et qu’on peut y voir aussi une certaine trajectoire suivie par la politique italienne de ces 20 dernières années. Nous sommes en pleine crise d’époque, une crise qui remet en cause tous les principes sur lesquels l’Occident a toujours reposé, une crise qui touche à l’économie et à la politique, et nous sommes tous persuadés que nous allons bientôt atteindre un point de non-retour et que nous devrons tout recommencer à zéro, avec d’autres valeurs, en laissant derrière nous la dissimulation comme forme de gouvernement, ou comme modèle de communication dans le milieu politique.

À propos de la direction d’acteurs, mis à part le rapport spécifique avec chacun d’entre eux, avez-vous opté pour une ligne commune et des points de repère valables pour tous ? Tout le monde a eu droit au même mot d’ordre ?

Il m’arrive presque tout le temps de choisir les acteurs pendant l’écriture du scénario. De plus, je n’aurais jamais fait ce film si Toni Servillo avait refusé de prendre part au projet. Je me serais contenté du succès du roman. Il me fallait un visage comme le sien, l’intelligence rigoureuse de ses traits pour incarner un personnage double qui, séquence après séquence, se révèle à travers la confrontation des deux jumeaux. Toni a été un complice. J’ai eu la preuve de la définition d’un « acteur créateur ». Valerio Mastandrea est aussi un acteur que j’admire beaucoup et avec lequel je m’étais promis de travailler un jour. Il fait preuve d’une certaine maturité artistique et d’une grande finesse. C’est un acteur plein de grâce, un maître de légèreté. Voici le mot d’ordre : légèreté. Mais tous les acteurs du film appartiennent à la même famille noble du cinéma italien. Michela Cescon, Valeria Bruni Tedeschi, Anna Bonaiuto, très douées, très intenses, merveilleuses, des compagnes de voyage. Sans parler de Massimo De Francovich et de Gianrico Tedeschi, deux acteurs qui n’ont besoin que de quelques instants à l’image pour créer une ambiance magique.

CRITIQUES :

Servillo n’a pas l’élégance d’un Vittorio Gassman ni l’humanité d’un Alberto Sordi, sans parler de la grâce absolue de Mastroianni, et Andò est beaucoup plus appliqué, télévisuel, que les réalisateurs qui ont fait les grandes heures de la comédie politique italienne des années 1960-70  Mais Viva la Libertà résonne tout de même comme un rappel de ce qui fit quelques-unes des belles heures d’un cinéma transalpin à la fois populaire, original et attentif aux réalités de son époque.                  JM Frodon  Le Monde.

En adaptant son propre roman, Roberto Andò prouve l’éternel talent de l’Italie à filmer des farces politiques. Sous la légèreté et la vraie tendresse qu’il éprouve pour ses personnages, il nous rappelle qu’entre la beauté de la politique et celle de la fiction il n’y a qu’un pas : les politiciens doivent être de grands « artistes » pour donner au peuple l’illusion d’un projet commun.      Guillemette Odicino Télérama.

Ce film jubilatoire, ironique et chaleureux est un éloge de la folie d’une veine toute érasmienne. Cela aurait pu être un chef-d’œuvre si l’intrigue parisienne avec la quête de sens du politicien repenti et la réflexion sur la gémellité ne cassait le rythme de la parabole politique.             Libération

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